Cachet n On ne peut parler de la ville de Boussaâda sans évoquer son oued pérenne qui nourrit l'oasis de cette cité implantée sur les piémonts du djebel Kerdada. Le nom de ce cours d'eau a toujours été rattaché à de multiples histoires de rencontres romantiques, mais également de séparations et son évocation réveille souvent les sentiments houleux des nostalgiques jeunesses. Celui qui le visite pour la première fois constate que plus il avance vers le lit de ce cours plus la beauté de l'oasis se découvre à lui sous sa nature exubérante et sa végétation singulièrement luxuriante qui l'invitent à s'y établir. Traversant la vieille cité de Boussaâda, ce cours fut à l'origine du développement de l'agriculture et les premiers habitants y multiplièrent les vergers de grenadiers, figuiers, oliviers et dattiers. Ils cultivaient également tous les légumes dont ils avaient besoin. Le surplus des terres arrosées par l'oued était en outre utilisé comme parcours pour leurs troupeaux. A l'écoulement continu sauf lors des périodes des grandes sécheresses, l'oued a connu au début du XXe siècle, la réalisation le long de son lit par les colons français de nombreux moulins à eau. Le Moulin Ferrero dont les vestiges sont toujours conservés en fut un. Les services de ces moulins étaient, à cette époque, sollicités par les agriculteurs de toute la région et certains y venaient même de Barika (Batna) et Djelfa pour moudre leurs récoltes céréalières. De mémoire d'habitants de la cité, quelque six moulins existaient le long de cet oued et tous étaient des propriétés de colons qui troquaient leurs services contre une certaine quantité de grains. Les nostalgiques de l'histoire espèrent à ce propos que le dernier de ces moulins, à savoir celui de Ferrero, puisse bénéficier d'actions de réhabilitation pour le préserver comme témoin matériel de cette phase historique. La période de le première moitié du XXe siècle avait également connu un engouement des cinéastes pour le site et une vingtaine de scènes cinématographiques y furent tournées sur le seul oued. La plus récente a été le dernier épisode de la série Achwak El madina (Les épines de la ville) de Ali Assaoui de la Télévision nationale. L'attrait de l'oued est lié à la multiplicité des paysages qu'il dévalent successivement passant des montagnes, aux zones arides puis soudainement vers le désert. En amont de l'oued, s'est développée une oasis verdoyante à longueur d'année dominée au sud par la montagne de roche ocre de Kerdada. Le peintre Nasreddine Etienne Dinet qui mourut en 1929 avait, non sans raison, choisi d'installer son atelier sur une berge de ce cours. Ce qui lui avait permis de peindre des scènes du quotidien de la société locale notamment les jeunes femmes qui venaient, chaque matin, laver leur linge, jouer ou se baigner dans ce cours. Ce sont ces scènes rencontrées sur les tableaux de cet artiste qui avaient failli lui coûter la vie lorsque les habitants surent qu'il épiait leurs filles et les photographiait.