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Oued Boussaâda, nourricier de l'oasis et inspirateur des artistes
M'sila
Publié dans Le Maghreb le 21 - 12 - 2008


On ne peut pas parler de la ville de Boussaâda (wilaya de M'sila) sans évoquer son oued pérenne qui nourrit l'oasis de cette cité implantée sur les piémonts du Jebel Kerdada. Le nom de ce cours d'eau a toujours été rattaché à de multiples histoires de rencontres romantiques mais également de séparations et son évocation réveille souvent les sentiments houleux des nostalgiques jeunesses. Celui qui le visite pour la première fois constate que plus il avance vers le lit de ce cours plus la beauté de l'oasis se découvre à lui sous sa nature exubérante et sa végétation singulièrement luxuriante qui l'invitent à s'y établir. Traversant la vieille cité de Boussaâda, ce cours fut à l'origine du développement de l'agriculture et les premiers habitants y multiplièrent les vergers de grenadiers, figuiers, oliviers et dattiers. Ils cultivaient également tous les légumes dont ils en avaient besoin. Le surplus des terres arrosé par l'oued était en outre utilisé comme parcours pour leurs troupeaux. A l'écoulement continu sauf lors des périodes des grandes sécheresses, l'oued a connu au début du vingtième siècle la réalisation le long de son lit par les colons français de nombreux moulins à eau. Le Moulin Ferrero dont les vestiges sont toujours conservées en fut un. Selon les gens de Boussaâda, les services de ces moulins étaient à cette époque sollicités par les agriculteurs de toute la région et certains y venaient même de Barika (Batna) et Djelfa pour moudre leurs récoltes céréalières. De mémoire d'habitants de la cité, quelque six moulins existaient le long de cet oued et tous étaient des propriétés de colons qui troquaient leurs services contre une certaine quantité de grains. Les nostalgiques de l'histoire espèrent à ce propos que le dernier de ces moulins à savoir celui de Ferrero puisse bénéficier d'actions de réhabilitation pour le préserver comme témoin matériel de cette phase historique. La période de la première moitié du XXe siècle avait également connu un engouement des cinéastes pour le site et une vingtaine de scènes cinématographiques y furent tournées sur le seul oued. La plus récente a été le dernier épisode de la série Achwak El madina (Les épines de la ville) de Ali Assaoui de la Télévision nationale. Selon les milieux cinématographiques, l'attrait de l'oued est lié à la multiplicité des paysages qui dévalent successivement passant des montagnes, aux zones arides puis soudainement vers le désert. En amont de l'oued, s'est développée une oasis verdoyante à longueur d'année dominée au sud par la montagne de roche ocre de Kerdada. Bien conscients du caractère enchanteur de cette nature, les bâtisseurs de deux hôtels El Caïd et Kerdada ont voulu que chaque chambre des deux établissements permette à son occupant de contempler les paysages verdoyants de cette oasis avec la possibilité pour les plus curieux d'y plonger au travers d'un circuit touristique qui longe le cours nourricier de ces vastes vergers de dattiers. Le peintre Nasreddine Etienne Dinet qui mourut en 1929 avait non sans raison choisi d'installer son atelier sur une berge de ce cours. Chose qui lui avait permis de peindre des scènes du quotidien de la société locale notamment les jeunes femmes qui venaient chaque matinée laver des vêtements, jouer ou se baigner dans ce cours. Ce sont ces scènes rencontrées sur les tableaux de cet artiste qui avaient failli lui coûter la vie lorsque les habitants surent qu'il épiait leurs filles et les photographiait. Plus que la femme dont il sut la place qui était la sienne au sein de la société, c'est la nature féerique de la région que l'artiste peindra le plus, constatent néanmoins ses critiques. Malgré l'expansion débridée du béton armé et la transformation du cours en un réceptacle de toutes sortes de déchets, la population locale reste attachée à oued Boussaâda et les jeunes n'hésitent pas en été à se baigner dans ses eaux pérennes et rafraîchissantes et à se réunir en groupes sur ses berges, question de faire écouler le temps. Les plasticiens de la ville continuent sur les traces de Dinet à peindre ce cours dans ses moindres détails dont certains échappent à l'observation des communs des gens. On rapporte également que lorsque cet oued se met en colère, ses torrents emportent tout ce qui se trouve sur leur chemin. Ce fut le cas en 2001 durant laquelle la crue avait causé l'effondrement de plusieurs habitations et la destruction de nombre de vergers. Mais comme toujours, les mêmes familles restaurèrent leurs maisons et les réoccupèrent de nouveau. Cette inondation aura surtout eu le mérite d'attirer l'attention des responsables locaux sur ce qui se passe sur les berges de ce cours en matière de construction. Depuis, la lutte contre l'habitat précaire a été intensifiée et les efforts se sont dirigés vers la sauvegarde de la biodiversité locale en évitant notamment le déversement des eaux usées dans l'oued. Revaloriser sur les plans écologique et touristique ce cours est devenu aujourd'hui une préoccupation partagée par la plupart des boussaâdis. Pour cela, il est notamment proposé l'aménagement de certaines aires mitoyennes à ce cours dont le site du moulin Ferrero et certaines parties en aval et la multiplication des projets à vocation touristique dont les hôtels, les piscines et cafés. Pareils équipements d'accueil touristique constituent pour les habitants autant de moyen pour valoriser les atouts de cette région, particulièrement, lorsque l'on sait, notent-ils, qu'aucun équipement du genre n'existe le long du lit de ce cours séparant Boussaâda de la localité d'El-Hamel située en aval sur plusieurs kilomètres.

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