Résumé de la 2e partie n Minnie Chaundelle raconte à M. Perkins la disparition depuis 6 jours de son frère qui prend bien note de tout ce qu'elle lui raconte... Le bouton placé au centre du coussin rentrait dans mon derrière osseux. J'ai changé de position pour y échapper et j'ai demandé : — C'était quoi, son boulot, à votre frère, avant qu'il s'en aille ? — Minute. Faut d'abord que je sache si vous êtes dans mes prix. — Je me fais payer vingt-cinq dollars de l'heure. Les frais de téléphone, de fax, les droits à acquitter pour consulter des dossiers dans les administrations, tout ça vient en plus. — Va falloir faire cuire, un sacré paquet de noix pour payer tout ça. Elle m'a expliqué qu'elle allait gauler les noix de pécan dans le cimetière et qu'elle donnait vingt-cinq cents par seau à un gamin de la rue pour les lui ramasser. Elle en faisait ensuite des confiseries à vendre dans les instituts de beauté et les tournois de tir pour sept dollars cinquante les deux cornets. C'était avec ça, et avec ce que l'Oncle Sam lui versait pour son dos en mauvais état, qu'elle me paierait. Un dos en mauvais état pour s'être trop souvent couchée dessus, peut-être – m'avait dit la même personne –, mais ce que fait une belle fille pour gagner sa vie, c'est pas à moi d'en juger. — Alors, ça prendra combien d'heures, d'après vous ? — Il y a des gens que je retrouve en une heure. D'autres, jamais. Mais je ne fais rien payer, pour jamais. Je vous fournirai un décompte bi-hebdomadaire – deux fois par semaine. — Je suis peut-être gironde, monsieur Cisroe Perkins, mais je suis pas idiote. — Je tiens simplement à clarifier... — Clarifiez, clarifiez. Vous avez de l'instruction, je le vois bien, elle a dit, avec un sourire de chatte. — J'ai fait deux années d'études après mon service militaire, je n'appellerai pas ça de l'instruction, Mrs Bazile. Mais je ne pense pas qu'elle m'ait entendu. Elle s'appuyait du coude sur le bras de sa balancelle en posant l'index sur son front et le pouce sur sa joue. Elle s'approchait puis s'éloignait de moi en se balançant, et un parfum sucré émanait d'elle. — A vrai dire, ça ne devrait pas prendre trop longtemps pour retrouver ce garçon. Il doit traîner au Slick Willie ou au Sugarland, ou... J'ai attendu sans rien dire, mon calepin à la main. Il y avait chez cette femme quelque chose qui me hérissait les poils de la poitrine. J'écoutais, j'écoutais attentivement, mais je l'imaginais à l'intérieur, m'offrant une tasse de thé. — Ou alors il est quelque part dans le bayou, en train de se baigner au milieu des mocassins, elle a dit, en tirant sur la corde de la balancelle. C'est un gamin, monsieur Cisroe. Un petit crétin. Il se prend pour Eddie Murphy avec son gilet pare-balles. C'est ça qui m'inquiète : il a rien dans la cervelle. Minnie Chaundelle est entrée dans la maison pour prendre ce que son frère lui avait laissé. Elle s'est retournée sur le seuil et m'a demandé si je voulais une tasse de thé. (à suivre...)