Ancien maître assistant et chef d?unité des hôpitaux d?Alger, le Dr Abdelaziz Daoud est un diabétologue qui a été séduit par le chant des sirènes de la privatisation. Il est aujourd?hui le patron d?une clinique qui vient de démarrer et qu?il dirige avec beaucoup de rigueur, mais aussi pas mal de décontraction. Personnage affable et sympathique, ce médecin, à l?allure sportive, a toujours nourri une passion pour le football, qu?il a d?ailleurs pratiqué en tant que gardien de but et? avant-centre. Portrait d?un praticien qui continue de courir régulièrement pour entretenir sa forme et la santé de? ses patients. InfoSoir : Docteur, comment êtes-vous devenu le patron d?une clinique privée ? Le Dr A. Daoud : C?est l?aboutissement d?un long itinéraire. En 1987, j?ai passé le concours de résidanat et c?est là que j?ai choisi ma spécialité. En 1991, j?ai obtenu mon Diplôme d?études médicales supérieures (Dems). Tout de suite après, je me suis retrouvé au service de diabétologie de l?hôpital de Aïn Naâdja qui venait de démarrer avec le professeur Khalfa. En 1994, je suis devenu maître assistant chargé de cours à l?Université d?Alger. En 1996, j?ai été nommé chef d?unité de diabétologie à l?hôpital de Bab El-Oued. Puis, un beau jour, le professeur Mesbah, que l?on peut considérer comme le père de la diabétologie en Algérie, m?a conseillé de ne pas rester à l?hôpital et de m?installer à mon propre compte. Et vous avez suivi ses conseils? Oui, d?autant plus que son exemple témoigne bien du manque de considération que l?on accorde à nos éminents professeurs. Il faut savoir que le professeur Mesbah était major de sa promotion en Suisse. Mais à l?appel du FLN, lors de la Révolution, il a répondu présent. Il a renoncé ensuite aux sollicitations de son patron en Suisse pour mettre ses compétences au service de l?Algérie. Mais voilà qu?un jour, alors qu?il s?inquiétait de ne plus recevoir son salaire, la direction de l?hôpital Mustapha lui signifie qu?il avait été mis à la retraite d?office sans qu?il le sache. Alors, quand il m?a dit de ne plus perdre mon temps dans un hôpital pour ne pas subir le même sort, cela m?a donné à réfléchir et je me suis orienté vers le privé. En fondant une clinique? Non, j?ai commencé d?abord par travailler à la clinique de Ben Omar où j?ai exercé de janvier 2000 à octobre 2003. Puis, au mois de décembre dernier, l?aventure a commencé. On vient à peine de démarrer cette clinique. Est-il difficile de changer de statut ? Dans mon cas, cela a été plutôt simple parce que j?ai travaillé pendant quatre ans dans le privé. La nouveauté, c?est que maintenant je suis médecin, mais aussi directeur de la clinique. Vous avez connu le secteur public, puis le privé. Faut-il vraiment privatiser toute la santé pour améliorer les prestations ? Non, je ne suis pas pour la privatisation totale. Je crois qu?on ne peut pas le faire. Dans tous les pays du monde, les deux secteurs cohabitent. J?estime qu?il faut que le secteur public reste à la tête de la santé, le privé est là pour le soulager. Que faudrait-il, selon vous, pour que le secteur public s?améliore et devienne aussi performant que le privé ? Voilà un débat qui nécessite du temps pour répondre. On dit qu?on a de bons médecins, mais nos hôpitaux ont une mauvaise réputation? Ecoutez, un bon médecin à qui vous donnez à peine trente mille dinars par mois ne peut pas être motivé à fond, surtout à l?heure actuelle. De même pour un infirmier payé à quinze mille dinars mensuellement. Pour moi, la solution idéale serait de permettre le fameux plein-temps aménagé, c?est-à-dire laisser les gens travailler à l?hôpital et dans le privé. D?ailleurs, si l?enseignement est devenu médiocre, c?est parce que beaucoup de professeurs, notamment en médecine, ont quitté la faculté pour exercer dans le privé et, de ce fait, ils n?ont plus le droit d?enseigner dans les établissements publics. Vous avez baptisé votre clinique Aïn Naâdja tout simplement? Oui, c?était effectivement dans le but de verser dans la simplicité. De quelle origine sont vos premiers clients ? Je préfère employer le terme patients et non clients. Disons que nos tarifs sont vraiment abordables. Ils ne sont peut-être pas à la portée de tout le monde, mais comme il s?agit de consultations pour des maladies chroniques, le patient vient une fois tous les trois mois. Parmi vos patients, y a-t-il des sportifs de haut niveau ? Très peu, parce qu?à leur âge, on ne fait pas de diabète, même s?il y a parfois des exceptions. On dit que la pratique d?une activité sportive réduit fortement les risques de diabète? Oui, mais uniquement dans le cas de ce qu?on appelle le diabète de type deux, c?est-à-dire non insulino-dépendant et qui est le plus fréquent. Il paraît que vous avez été un sportif ? J?ai pratiqué le football quand j?étais jeune. J?ai évolué en minimes au NAHD. Quel poste occupiez-vous ? J?étais gardien de but et j?avais comme entraîneur un certain Farid. Ensuite, mon père voulait à tout prix que je pratique le judo et j?ai donc fréquenté le tatami pendant quatre ans. Puis, comme j?étais vraiment passionné de foot, je suis revenu à cette discipline en évoluant au sein de l?équipe de la Snlb, toujours comme gardien. Ensuite, les études ont accaparé tout mon temps. Quand j?étais résident, on avait une équipe et on a même remporté deux coupes qui trônent chez moi parce que j?étais capitaine et que je m?étais reconverti au poste d?attaquant de pointe. Le sport est actuellement miné par de nombreux cas de dopage. Que pensez-vous de ce fléau ? C?est grave, si j?ose dire, car se doper c?est pousser son corps au-delà de ses limites et cela peut avoir des conséquences gravissimes. Rappelez-vous le cas de ce culturiste algérien (athlète pratiquant le bodybuilding) qui est mort en pleine exhibition. Je dirais même que ces morts subites de footballeurs sur le terrain sont suspectes. Par exemple, on a expliqué que la mort de l?international camerounais Marc-Vivien Foé était due à une déformation cardiaque. en doutez-vous ? Je ne suis pas convaincu par cette explication parce que c?était un joueur de haut niveau et la déformation cardiaque aurait pu être détectée bien avant, d?autant plus qu?il était bien suivi médicalement. Par conséquent, j?explique, moi, cette mort par le dopage. Dans certains cas, on a même mis en cause les médecins qui administrent des produits dopants aux athlètes et ce, à leur insu? Si cela se confirmait, ce serait trop grave, car le médecin est bien placé pour connaître les risques liés au dopage. Si certains médecins sont vraiment reconnus coupables, alors il faut les sanctionner sévèrement. Revenons à votre clinique. Quelles en sont les spécialités ? La diabétologie, l?endocrinologie, la lipidologie ainsi que la cardiologie. Est-il difficile de concilier la gestion de la clinique et la pratique de la médecine ? Oui, mais ça ne va pas durer longtemps. Pour démarrer la clinique, j?ai endossé le rôle de gestionnaire, mais, plus tard, on engagera un professionnel dans le domaine et je me consacrerai uniquement à la médecine. Le foot, vous passionne-t-il toujours ? Pas autant qu?avant, mais je suis toujours un fervent supporter du NAHD. Quels sont vos joueurs préférés en Algérie ? Je citerai Bilal Dziri et Karim Ghazi. Et à l?étranger? Je n?étonnerai personne en disant Zinedine Zidane, qui demeure vraiment le meilleur. Seriez-vous tenté, un jour, de présider un club algérien, le NAHD par exemple ? Non, je n?y pense même pas. Présider un club en Algérie, non merci ! Il y a eu un médecin, le regretté docteur Maouche, qui avait présidé la FAF. Son exemple ne vous inspire-t-il pas ? Il faut être réaliste. Vous voyez bien ce qui se passe dans notre football, ça ne m?intéresse vraiment pas du tout ! Express - Professeur Aït Mesbah ? Notre père - Hussein Dey ? Mon quartier chéri - Le NAHD ? Mon équipe préférée - Ighil ? Il a fait du bon travail - Le MCA ? Un club historique - Bachi ? Il a su concilier les études et le sport - Benzekri ? L?entraîneur incompris - La clinique Aïn Naâdja ? L?avenir de mes enfants - La médecine ? Une noble profession - Professeur Khalfa ? Je lui dois ma réussite.