Cauchemar n Cinq femmes algériennes et leurs dix-sept enfants sont arrivés, hier, vendredi à Alger après avoir été évacués de Gaza via le terminal de Rafah en Egypte. C'est un soulagement inégalé, mêlé d'émotion et de tristesse que ces familles ont exprimé à la presse, après avoir quitté Gaza. Cependant, même si ces femmes qualifient de «miracle» leur arrivée dans leur pays natal, après avoir pu être sauvées des bombardements israéliens, expriment une très grande peine d'avoir laissé derrière elles leurs époux empêchés de franchir le terminal de Rafah. Affligée d'avoir laissé derrière elle le père de ses 5 enfants, Mme Rahmani Fatma, native de Sig, a confié, à chaudes larmes, n'avoir jamais vécue une telle tragédie, la qualifiant de «cauchemar qui malheureusement perdure». «Même si je commence à vous décrire les scènes vécues pendant l'agression, vous ne pourrez jamais imaginer ce que nous avons subi», a-t-elle dit, ajoutant, après un moment de silence rempli d'émotion, «Oh mon Dieu tout a été détruit. Il y a des dizaines de morts par jour. Les bombardements n'ont pas cessé. C'est inimaginable.» Le même sentiment est livré par Mme Kheïra Belkacem d'El-Bayadh, mère de 3 enfants, qui réside à Gaza à proximité du terminal de Rafah depuis 1999. Mme Belkacem a expliqué que c'est son mari, resté à Gaza, qui l'a encouragée à rejoindre l'Algérie pour mettre à l'abri ses enfants, dont le plus jeune, Ahmed, est un nourrisson de 2 mois. «On ne dormait presque plus. Les nuits, pour nous, ressemblaient aux jours. Les israéliens ne ratent pas une occasion pour larguer leurs bombes, dont les déflagrations assourdissantes s'entendaient sur plusieurs kilomètres». «Mes enfants, habitués aux explosions de bombes, trouvaient bizarres les rares moments de répit», a-t-elle dit. Elle a confirmé que l'armée d'occupation israélienne «a intensifié ses raids à la frontière de Rafah, détruisant tout signe de vie». Décrivant les souffrances des habitants de Gaza, elle a rappelé les frayeurs exprimées notamment par les enfants privés d'école, suscitées par le bruit infernal des bombes, le survol incessant des avions bombardiers et le crépitement des armes meurtrières utilisées par l'armée israélienne. De son côté, Mme Aïcha Hamlaoui de Batna, veuve d'un policier palestinien assassiné le premier jour de l'agression israélienne sur Gaza et mère de six enfants, a rappelé que la Chahada était en permanence sur toutes les lèvres, la mort les guettant à tout instant. Ces familles ont reconnu avoir eu la chance de rejoindre le terminal de Rafah malgré les raids ininterrompus de l'aviation israélienne, mais sont toutefois inquiètes sur le sort des familles algériennes qui demeurent encore à Gaza.