Résumé de la 1re partie n Gérard Rousseau fait des reproches à sa jolie femme quant à son comportement lors d'un cocktail... Les gens ont tort, d'accord ; ils se trompent sur ton compte, d'accord, le fait est qu'ils te jugent mal. Tu imagines ce que cela représente pour moi ? Tu veux me faire de la peine ? Pas de réponse. — Hier soir, mon patron était là... Agnès Rousseau sursaute : — Ah, celui-là ! Un vrai bonnet de nuit ! — Il m'a pris à part et tu sais ce qu'il m'a dit ? Il m'a dit : «Rousseau, vous avez une femme charmante, mais vous devriez la surveiller un peu plus. Je dis cela dans votre intérêt...» Tu crois que cela fait plaisir à entendre, des choses pareilles ? Agnès Rousseau ne répond pas, et le silence revient dans la 403, à part le bruit du moteur, celui de la pluie et le ronronnement des essuie-glaces. Gérard Rousseau se tait. A quoi bon épiloguer davantage ? Agnès est ainsi et, dans une certaine mesure, c'est ainsi qu'il l'aime, sinon il ne l'aurait pas épousée. Agnès est la spontanéité même, la vie même. Sans aucun doute, elle l'aime vraiment, seulement c'est à sa manière à elle. Pour rien au monde, elle ne renoncerait à goûter toutes les satisfactions de la vie, sans souci du qu'en-dira-t-on. Gérard Rousseau sent un flottement dans la direction. Il pousse un juron. — Bon Dieu ! Ce n'est pas vrai ? C'est vrai ! La 403 vient de crever, alors qu'ils étaient presque arrivés. A quelle distance sont-ils de chez leurs amis ? Entre cinq et dix kilomètres, pas plus. Comme un fait exprès, c'est l'endroit où la route est la plus mauvaise : un chemin communal qui passe dans une région escarpée où deux voitures se croisent tout juste. Il n'y a pas de bas-côté, juste un léger talus. Gérard Rousseau arrête la voiture, profitant d'une courte ligne droite. Agnès demande, surprise : — Qu'est-ce qui se passe ? — On a crevé ! — C'est gai ! Gérard Rousseau ouvre sa portière. La pluie battante entre dans la voiture. — Cela ne m'amuse pas plus que toi. Tu vas sortir et me tenir le parapluie. Agnès s'exécute sans discuter. Elle va ouvrir le coffre pour chercher le parapluie et le cric. L'incident lui a fait oublier totalement sa bouderie. En bonne épouse, elle ne pense plus qu'à se rendre utile à son mari. Elle est ainsi. Avec elle, rien n'est réfléchi. Gérard Rousseau examine les dégâts. Le pneu avant droit est à plat. C'est particulièrement ennuyeux. De ce côté-là de la voiture, c'est le vide. Pas un ravin, un précipice, mais un fossé à hauteur d'homme. Il va devoir y descendre et introduire le cric en contrebas, en gardant le mieux possible son équilibre. Par temps sec, cela ne poserait pas de difficulté majeure, mais la pluie a transformé le talus en bourbier. Il va être dans un bel état quand il arrivera chez leurs amis ! Agnès revient. Sous le parapluie ouvert, elle tient le cric et une lampe de poche allumée. Elle a une exclamation en considérant la situation : — Mon pauvre chéri ! Gérard Rousseau prend le cric en main. Une première tentative pour le mettre en place se solde par un échec. Il glisse dans la boue et se retrouve à quatre pattes en bas du talus. Agnès est horrifiée. — Mais c'est affreux ! Gérard s'essuie sommairement les mains dans l'herbe. — Je t'en prie, pas de drame. Eclaire-moi et abrite-moi avec le parapluie. (à suivre...)