Apparition n Vers la fin des années 1970, le commun des citoyens entendait à peine parler de cette substance qui avait pourtant ses adeptes. Les consommateurs de drogue appartenaient à des groupes spécifiques de la société. Il s'agit notamment des artistes, des malades ou des habitants de la région frontalière de l'ouest du pays. Béchar et Adrar figuraient parmi les wilayas les plus touchées. Outre les quelques saisies de hachich et de kif signalées de temps à autre par la police ou les Douanes dans cette région, il y avait aussi les médicaments détournés. Mais, les arrestations et les condamnations pour possession de drogue étaient encore très minimes. Les années 1980 ont été marquées par une certaine ouverture, dont celle des frontières algéro-marocaines qui a largement facilité la prolifération de ce fléau. C'était aussi l'époque de l'avènement d'une nouvelle génération plus impatiente d'accéder à un minimum de bien être. Un désir inassouvi puisque cette période a été marquée par une crise économique sans précédent. A ce facteur sont venus se greffer d'autre éléments non moins importants, en l'occurrence l'exode rural, la crise du logement, l'oisiveté, un marché du travail limité, ainsi qu'une importante déperdition scolaire. Autant de causes qui ont fait que l'abus de drogue a atteint, au fil du temps, toutes les couches sociales. Le phénomène «a touché aussi bien la rue que l'école et intéresse tant les garçons que les filles, mais à une fréquence plus basse», témoigne M. Khiati. Qu'elles soient petites ou grandes, toutes les villes sont concernées. Une enquête menée en 1993 dans la région de Blida a révélé à cette époque déjà que la moitié des toxicomanes était originaire de l'intérieur du pays. Dans le tiers des cas, le jeune en question a commencé à toucher à la drogue dès l'âge de 15 ans. Ils ont pour 50 à 80% d'entre eux, un niveau secondaire ou universitaire. En 2002, une autre enquête sur l'importance de la consommation de drogue dans les lycées a été diligentée par la Forem. Les enquêteurs ont ciblé un échantillon de 1 544 lycéens dont 874 filles et 670 garçons. 86% des personnes interrogées sont âgées entre 15 et 19 ans et 62% sont issues d'un milieu socioéconomique moyen. Les résultats sont probants. La drogue est bel et bien dans nos lycées. 58% ont reconnu qu'une personne dans leur entourage immédiat consomme de la drogue. 34% ont déclaré être eux-mêmes consommateurs et 28% des filles interrogées reconnaissent consommer de la drogue contre 44% de garçons. Autre fait marquant dans ces résultats, 48% des consommateurs de drogue le font à l'intérieur même de l'établissement scolaire. Ces chiffres ont été confirmés un peu plus tard par l'enquête du Ceneap en 2003. La consommation de drogue dépend, cependant, de la disponibilité des produits consommés. La résine de cannabis et les psychotropes ont été, pendant toutes ces années, les seuls produits disponibles sur le marché, avec quelques apparitions d'héroïne et de cocaïne.