Sensibilisation n Une soirée-débat autour du fair-play et de la lutte contre la violence dans les stades a été organisée, jeudi, à l'hôtel Hilton International. La rencontre s'était déroulée sous le patronage du ministre de la Jeunesse et des Sports, l'agence de communication et de publicité Planimap, en collaboration avec le quotidien Echourouk et l'Association nationale du fair-play. Sous l'impulsion de la tutelle, une association est née il y a quelques semaines avec à sa tête Zahia Aït Zerrouk qui, lors d'une première réunion des comités de supporters des clubs du Centre du pays au centre sportif de Ghermoul, a donné le coup d'envoi d'une large campagne de terrain pour sensibiliser les fans sur la nécessite de lutter par tous les moyens contre ce phénomène sociétal qui commence à prendre de l'ampleur et menace l'ordre public, les biens et les personnes. S'ensuivirent alors des déplacements à travers plusieurs régions du pays dont deux grands rassemblements, l'un à l'Est et un autre à l'Ouest qui ont conduit à regrouper un grand nombre de comités de supporters de clubs et de conclure par une série de recommandations qui ont été rendues publiques lors de la soirée de jeudi que Planimap a eu l'initiative d'organiser avec beaucoup de réussite pour sa première du genre. D'ailleurs, on comptera plusieurs personnalités présentes à cette soirée-débat, à l'image de El-Hachemi Djiar, ministre de tutelle, Zohra Bitat, vice-présidente du Sénat, le général Meguded Benziane, premier responsable du sport militaire ou Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale. Il y avait également quelques représentants de la glorieuse équipe du FLN, les présidents Abdelhakim Serrar (ES Sétif), Abdelkrim Medouar (ASO Chlef) et Mohamed Toumi (NA Hussein Dey), Mourad Lahlou, ex-président du Nasria et candidat à la présidence de la Ligue nationale de football (LNF), Rabah Saâdane, sélectionneur national, d'anciens joueurs internationaux comme Bouiche Nacer et Fodil Megharia et surtout un parterre de représentants de supporters de plusieurs clubs. En guise d'introduction, l'hymne national a retenti avec tous ses couplets puis c'était au tour de Rochdi Ferraz, responsable de Planimap, et Ali Fodhil, directeur d'Echourouk, pour donner le ton de cette soirée avec des allocutions d'ouverture. Le premier intervenant mettra en exergue le rôle de sa boîte à s'impliquer dans un secteur événementiel d'utilité publique et de proximité en investissant le terrain de la lutte contre la violence dans et autour des stades de football. Le second, lui, a mis l'accent sur les origines de ce fléau qui puise ses origines dans la société et souvent l'expression de jeunes issus des quartiers pauvres et défavorisés, délaissés par les responsables locaux. Puis, c'était au tour de Mme Aït Zerrouk, présidente de l'association pour le fair-play, de rappeler les inquiétudes affichées par le ministre Djiar au lendemain des émeutes d'Oran, à la suite du match de championnat qui avait opposé la saison dernière le MCO au Widada de Tlemcen, mais aussi sa volonté d'aller au front pour mener une véritable lutte. La dynamique présidente a, en quelques semaines, réussi à fédérer, à travers cette association, plusieurs comités de supporters des clubs algériens les plus influents et les impliquer pleinement dans le travail de sensibilisation, d'encadrement, de structuration et d'organisation des fans, vu que la plupart des clubs et des dirigeants ont failli à ce niveau. Mme Aït Zerrouk rendra, par ailleurs, hommage aux membres de l'association, notamment Abdelkader Drif, la figure emblématique du MC Alger, pour leurs efforts incommensurables pour la réussite de ce projet. Avant la clôture de l'événement consacré au fair-play, les organisateurs ont tenu à présenter aux invités la mascotte du fair-play qui marquera l'année 2009 et qui sera un Maknine (chardonneret) bien de chez nous. Cette idée est d'ailleurs soumise au ministère de la Jeunesse et des Sports pour examen et adoption, avant de se retrouver sur le terrain pour incarner le fair-play au même titre que la colombe symbolise la paix. Djiar : «Cessons avec le houmisme et l'ourouchia» l Le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Djiar, a, pour sa part, préféré s'adresser à cœur ouvert aux présents au lieu et place d'un discours solennel compte tenu de la nature du thème et de la gravité de la situation. Le premier responsable du secteur a usé d'un verbe franc et tranchant avec le verbiage langue de bois habituel en faisant de l'autocritique et en dénonçant les nombreuses dérives des acteurs du football, tout en dédouanant les errements d'une jeunesse née en pleine «guerre» et n'ayant connu que la violence. «Nos jeunes sont sains, il suffit de les écouter, de communiquer avec eux, de les responsabiliser et de leur offrir les moyens de s'exprimer au sein de la société. Aujourd'hui, la violence est une problématique d'ordre public qui n'est pas la responsabilité de la police, mais celle du mouvement sportif, les clubs en premier qui organisent les rencontres, et de la société à travers la défaillance des parents, des responsables et de tous ceux censés éduquer et former.» Prônant toujours un langage terre à terre, M. Djiar poursuivra : «Le chemin est encre long et ce n'est pas en organisant de tels regroupements qu'on peut dire ça y est, on est arrivé ! L'affaire est celle de tous et même l'association pour le fair-play n'est pas encore nationale car on vient à peine de commencer. Et puis, cessons avec cet esprit rétrograde du houmisme et de l'ourouchia, qui ne nous mène nulle part.» Avec cette sortie crue, le ministre de la Jeunesse et des Sports a fait un réel mea culpa et a incité les acteurs de la scène sportive de s'impliquer pleinement dans toutes les actions qui visent l'éradication de la violence dans nos enceintes sportives. Sur un autre registre, M. Djiar rappellera que l'Algérie a rendez-vous avec des échéances importantes comme le passage des clubs de l'élite au professionnalisme d'ici à 2011 comme l'exige l'auguste Fifa et la nécessite d'adopter une politique sérieuse de formation au niveau des jeunes catégories. Enfin, le ministre n'a pas trop apprécié l'absence des présidents de clubs et qu'il aurait aimé que ce genre de soirée-débat soit consacrée à des thématiques plus intéressantes comme le développement du sport ou la préparation des prochaines échéances qui attendent nos sélections, à l'image des prochains Jeux Méditerranéens de Pérouse, l'été prochain, ou les Jeux Olympiques de 2012.