L'eau, source de vie, est le domaine de tous les possibles : elle est fluide et informe et épouse tous les contenants qu'on lui donne. On peut s'y plonger, voire s'immerger, sans peur de s'y dissoudre, sauf par une mort symbolique. C'est aussi une source de destruction car, comme le feu, elle peut, quand elle n'est pas contrôlée, tout détruire sur son passage. Elle est même plus puissante que le feu, puisqu'elle arrive à l'éteindre. Pour les Anciens, toute eau est sacrée. Ainsi, Pline l'Ancien écrit qu'il n'y a pas de source ou des cours qui ne soient pas sacrés. Pour Pline, toute source ou tout cours d'eau est présidé par une nymphe qui veille sur eux. Ce souvenir de la sacralité des sources et des cours d'eau se retrouve dans les noms de rivières et de fleuves. Ainsi, on sait que le nom de la Seine provient d'une divinité, Sequana. En Algérie, aussi, le nom de nombreuses sources se rattachent à des génies ou à des saints. Ainsi, à l'est d'Alger se trouve la localité de Dergana qui doit son nom à un génie femelle, hantant une source, Lalla Dergana, dont le nom signifie «la dame cachée» ou «mystérieuse». Selon la légende, la même source serait habitée par un autre génie appelé Merzoug, nom porte-bonheur puisque signifiant «le très comblé», le «fortuné»