Résumé de la 2e partie n Grenouillot raconte à sa mère sa journée avec Serpenteau qui lui a appris à ramper, mais cela ne plaît pas trop à la maman Grenouille... M'as-tu déjà vue me tortiller comme ça ? J'aimerais savoir qui est cet ami qui t'apprend des horreurs pareilles. — Il s'appelle Fils de Serpent. — Quoi ? Serpent ? Fils de Serpent ? — Oui, Fils de Serpent. Pourquoi ? Maman Grenouille en était verte. Elle tremblait comme une feuille, alors elle s'est assise. Et elle a coassé d'une voix chevrotante : — Ecoute, Grenouillot, écoute bien ce que je vais te dire. Ton copain Fils de Serpent ne vient pas d'une bonne famille. Les Serpents sont des méchants. A éviter absolument. Tu m'entends, au moins, Grenouillot ? — Des méchants ? Les Serpents ? Fils de Serpent est gentil, tu sais. — Ne t'y fie pas, ce sont des sournois. Des perfides, tous autant qu'ils sont. Double langue et entourloupettes. Du venin plein la bouche, des anneaux prêts à t'étouffer... — Du venin ? M'étouffer ? — Parfaitement, aussi – tu m'entends ? – si jamais tu revois ce Serpent, fais-moi le plaisir de déguerpir, tu n'as rien à faire avec lui. Et que je ne te revoie pas te contorsionner comme ça. Ramper, c'est bon pour ces sans-pattes. Très peu pour nous, merci. Tout en mettant le couvert, elle marmottait encore : «Jouer avec un Serpent, je vous demande un peu !» Elle a posé devant son petit une bonne bolée de bouillie. — Allons, mange, et n'oublie pas : je n'engraisse pas mon Grenouillot pour faire le régal d'un serpent, crois-moi ! De son côté, Serpenteau était rentré à la maison. — Maman, j'ai faim, faim, très très faim ! — Hé ! mais d'où sors-tu ? Regarde dans quel état tu es ! La langue pendante et le souffle court, qu'as-tu donc fait, toute la journée ? — Moi ? J'ai joué, Maman. Seulement joué. Dans la brousse. Avec mon nouveau copain. A tout un tas de jeux nouveaux. Regarde ce qu'il m'a appris. Serpenteau est grimpé sur la table et hop ! il a tenté le saut périlleux. Bien sûr il a manqué son coup, il a renversé le tabouret et s'est entortillé dedans. — Allons bon, voilà autre chose ! s'est écriée Maman Serpent. Quel jeu stupide et dangereux ! A se briser le cou en moins de deux. Qui donc est ce nouvel ami qui t'enseigne pareilles sottises ? — Fils de Grenouille, je crois qu'il s'appelle. C'est lui qui m'a montré ça. Tu devrais essayer. C'est à mourir de rire. — Grenouille ? Tu as bien dit Fils de Grenouille ? — Oui. Et c'est mon meilleur ami. — Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Tu joues pendant des heures avec un grenouillot et tu rentres à la maison l'estomac dans les talons ? — Oh, mais lui aussi avait faim, Maman. On s'est tellement bien amusés ! Je lui ai même appris à ramper. — Miséricorde, mon pauvre enfant ! Viens donc un peu par ici, et écoute bien ce que je vais te dire. Alors Serpenteau, docile, s'est enroulé sur son tabouret en ouvrant toutes grandes les ouïes. — Ne sais-tu donc pas, mon garçon, que nous autres Serpents sommes grands amateurs de grenouilles ? — Amateurs, comment ça ? Qu'est-ce que ça veut dire, amateur ? — Amateur signifie qu'on aime bien quelque chose, a expliqué Maman Serpent. — Mais justement j'aime bien Grenouillot ! s'est écrié Serpenteau. — Non, non, tu n'as pas compris. Nous les aimons à croquer. Nous les aimons au dîner. Sur la table, pas en invités. Une vieille tradition de famille – contrairement à ces bonds idiots, que je t'ordonne d'abandonner. (à suivre...)