Chiffres n L'hépatite représente 50% des hospitalisations dans les services de gastroentérologie, soit 30% des activités de consultation médicales au sein des hôpitaux. Un peu plus de 2% (2,5% exactement) de la population algérienne est porteuse du virus de l'hépatite B et 2,7% de celui de l'hépatite C. L'absence de prévention et le manque de moyens sont les principales difficultés empêchant la lutte contre l'hépatite. La mauvaise stérilisation en milieu hospitalier, notamment chez les chirurgiens-dentistes, est parfois à l'origine de cette infection. Les chiffres avancés sont loin de refléter la réalité du terrain, estime le Pr Debzi, de l'unité d'hépathologie du CHU Mustapha Bacha à Alger. La propagation de cette maladie qui tend à devenir endémique dans certaines régions du pays nécessite une prise en charge sérieuse et urgente. La prévalence remarquée à l'est du pays, à titre d'exemple, reflète, de l'avis du Pr Debzi, «le mode de transmission vertical». Autrement dit, de la mère à l'enfant. Une chaîne qui pourrait bien connaître une fin, ajoute l'orateur qui avance l'argument de la disponibilité du vaccin. Un optimisme qui s'éclipse lorsqu'il évoque le problème d'hygiène que connaissent nos hôpitaux. «Le vaccin ne suffit pas, car le problème réside aussi dans les structures de santé où l'hygiène est quasiment inexistante. C'est vraiment le laisser-aller. Un travail colossal doit être consacré à l'hygiène hospitalière, si on veut réduire ces infections», dit le pr Debzi. L'association SOS Hépatite parle plus particulièrement d'intensification des campagnes d'information et de sensibilisation. Mais, aussi, d'éducation thérapeutique, seule à même de réduire les risques d'infection et de complications, selon SOS Hépatite. L'association a tenu à mettre en exergue dans ce contexte le manque de formation et de stages en direction de certains médecins. Ces derniers ignorent, d'après elle, la conduite à tenir devant un malade atteint, notamment, de l'hépatite B. Cette déficience intervient alors que plusieurs dispositifs ont été installés ou annoncés dans le cadre de la lutte contre cette maladie. En effet, outre la vaccination contre l'hépatite B instituée en 2003, une enveloppe financière de 3,5 milliards de dinars a été débloquée. Ce sont les seules mesures concrètes enregistrées sur le terrain jusqu'à présent, alors que d'autres peinent à voir le jour. Il s'agit, entre autres, du Comité national de lutte contre l'hépatite qui peine à devenir opérationnel, ainsi que la stratégie nationale de greffe du foie. L'association regrette, enfin, l'absence de suivi psychologique des patients, dont certains, ne pouvant plus supporter les effets secondaires de la maladie, sombrent dans la dépression.