Evénement n Un mémorable concert de musique authentique des Aurès nous a été offert, jeudi soir. Organisé par le Centre culturel français, un magnifique concert de Houria Aïchi et L'Hidjâz'Car, a eu lieu à la salle Ibn Zeydoun- Ryadh El-Feth, archicomble pour l'occasion et les billets ont tous été vendus bien avant l'ouverture des portes. En entrée, un très bel instrumental du groupe, composé de : Grégory Dargent (compositions, arrangements, 'oud et mandoline), Etienne Gruel (percussions), Jean-Louis Marchand (clarinette), Fabien Guyot (percussions) et enfin, Nicolas Becken (tarhu, qui est un nouvel instrument venu d'Australie, une sorte de lyre de crête avec 5 cordes qu'on utilise comme un violon et hajouj, genre de gombri africain ), avant que n'apparaisse Houria Aïchi, très concentrée, sous les acclamations d'un public nombreux et varié. «Je voudrais vous dire combien je suis heureuse et morte de trac ( rires du public)...très heureuse de vous présenter Rooyane al khaïl (les bergers des chevaux) ou les Cavaliers des Aurès, chers à mon enfance passée dans les Aurès...» dira, avec beaucoup d'émotion la chanteuse avant d'interpréter une sublime chanson, avec sa belle voix gutturale et rauque. Toute la salle s'est mise à taper des mains, du début à la fin de la chanson, une longue chanson, entrecoupée par de très nombreux youyous, ce qui surprendra les membres du groupe français, qui se jetaient des regards et des sourires furtifs, et puis, vint la «confirmation» de la réussite de cette magnifique fusion de l'authentique avec le moderne. C'était l'exécution de cet excellent morceau de clarinette, de Jean-Louis, mêlé à la voix lointaine de Houria, aux bruits des mains et aux youyous de l'assistance, et l'accompagnement au 'oud (luth) et au bendir (percussions) par ses pairs, ce qui donna, un son harmonieux, presque naturel. «La couleur royale dans les Aurès est Ecchahba et c'est le titre de ma prochaine chanson», dira l'artiste avant de commencer à la chanter, et là est arrivée une chose extraordinaire : Jean-Louis a mis de côté sa clarinette pour faire de la percussion sur...un pot au lait, d'où l'authenticité du son. Puis, nous avons eu droit à Aaldjia ou La rencontre amoureuse, et ensuite une autre magnifique chanson, avec une très belle entame, genre istikhbar, avec la mandoline de Grégory, et puis là, d'un coup, un revirement spectaculaire : d'une musique calme et douce, nous passons à une salle en délire, avec claquements de mains, reprise des paroles en chœur, tous les membres du groupe faisaient de la percussion. Une spectaculaire danse des Aurès de Houria Aïchi emportée et propulsée par les youyous qui fusaient de partout, l'accélération de plus en plus rapide de la musique et des percussions, un beau jeu de lumières qui suivait la cadence, et puis des jeunes qui ne pouvaient s'empêcher de danser aussi. Incroyable, tout le monde était debout. Le groupe a salué et est sorti, et sous les interminables acclamations du public, Houria revint, seule, et dira : «Je voudrais vous chanter une dernière chanson, très connue dans ma région, Doghna bi essoute», ce qui fut l'un des moments forts de la soirée, puisque Houria a chanté a cappella, et qu'on a pu voir la force et la maîtrise de sa voix. À la fin du spectacle, Houria n'a pu contenir ses larmes de bonheur devant un public conquis.