A 8 km de Sour El-Ghozlane, au sud du chef-lieu de la wilaya de Bouira, au nord des Atlas tellien et saharien, se trouve le village de Ouled Gacem, appelé aussi «Ouled Farha». Située dans une zone rurale et montagneuse à l'accès difficile, la localité est caractérisée par un froid glacial en période hivernale de par sa proximité avec le mont Dirah, connu pour la rigueur de son climat. Dépourvus de tout, les habitants espèrent «un petit regard» des autorités. «Nous sommes marginalisés», résume un jeune d'une trentaine d'années. A l'entrée de la bourgade se trouve le centre de santé qui n'a jamais compté de médecin dans ses effectifs. Heureusement que le médecin de la santé scolaire, qui relève de l'unité de dépistage et de suivi (UDS), fait des passages périodiques dans la localité au profit des élèves de l'école primaire. Seul un infirmier assure le service depuis 7 années. Les cas qui nécessitent la consultation d'un médecin sont évacués par des clandestins ou des particuliers vers Sour El-Ghozlane. L'endroit, bien que très agréable, tranquille et avec de beaux paysages, ne l'est pas toujours pour les habitants qui peinent à vivre avec le strict minimum. «Nous n'avons ni eau, ni gaz, ni transport.» Le gaz butane coûte entre 400 et 900 DA la bonbonne, notamment lors des saisons froides. Mais il n'y a pas que le gaz qui coûte les yeux de la tête aux habitants puisque les autres produits de première nécessité (pain, lait...) sont également chers, pas seulement à cause des spéculateurs, mais aussi à cause des frais de transport qui est assuré par des taxis ou des clandestins. D'après Mekki Fadhala, président de l'association El-Hora (La libre) pour la promotion du village de Ouled Gacem, la localité n'a jamais bénéficié de projets dans le cadre du programme de développent des Hauts-Plateaux. «Nous avons dénoncé notre situation à travers des lettres aux responsables et même à travers la presse, en vain», déplore-t-il. Le village a également beaucoup souffert durant la décennie noire. «Actuellement, la sécurité est bien assurée. En plus, aucun des enfants du village n'avait pris les armes contre son pays. Nous sommes tous des nationalistes et rares sont ceux qui ont déserté le village par peur. Certains l'ont fait, mais à cause des conditions de vie difficiles. Nos parents ont souffert du colonialisme et notre génération de marginalisation», affirme un citoyen de la localité. Le climat de la région n'arrange pas les choses. Il est très rigoureux. La température atteint parfois moins six degrés, faisant souffrir encore plus les habitants. A l'entrée du village, une dizaine de bouteilles de gaz butane sont disposées au bord de la route. «Nous exposons ces bouteilles pour guetter les automobilistes qui accepteraient bien de nous ramener du gaz à leur retour. Le cas échéant, nous recourons aux clandestins qui nous facturent le prix d'une course complète», explique un jeune homme. «La bouteille nous coûte entre 400 à 900 dinars chez les revendeurs qui doivent se déplacer sur 8 km à peine. Nous ne trouvons que rarement le gaz à la station Naftal, où nous sommes obligés de faire de longues et vaines queues», ajoute-t-il. L'étude pour le raccordement au gaz de ville existe pourtant depuis 2004, selon le président de l'association. «A chaque fois, on nous promet de réaliser le raccordement, mais rien n'a été fait à ce jour», indique-t-il avant de signaler un autre phénomène, conséquence directe de cette situation : «Notre région est menacée d'une catastrophe environnementale à cause de la destruction des forêts par les habitants qui coupent les arbres pour se chauffer et cuisiner. Ils jouent au chat et à la souris avec les gardes forestiers. Tout cela à cause du froid glacial dont nous souffrons d'octobre à avril.»