Kamel Attouche, metteur en scène, convoque un texte support de Tewfik El Hakim pour tisser une trame « tragique à l'extrême », dit-il. Les aspects psychologiques des personnages incarnés « ont été travaillés de sorte à recréer une ambiance de psychose », explique Attouche, qualifiant son œuvre de « psychogenèse » mettant en situation une réalité intense, mais pas forcément justifiée. Avec Boudjemaâ Ouali, professeur à l'université de Blida, le metteur en scène est parti sur l'idée de la mythomanie qu'on retrouve chez tous les personnages de la pièce, pour façonner son œuvre. Dans le Destin d'Œdipe, tous les personnages sont des mythomanes qui, à un moment donné, prennent leurs propres mensonges pour des vérités. Optant pour un décor dépouillé, le metteur en scène a misé sur une scénographie qu'il dit basée sur la sémiologie. « Chaque objet, chaque signe a sa signification. Les signes et symboles utilisés sur scène interprètent des messages symboliques », note-t-il. L'œuvre de Sophocle, interprété en arabe classique, garde ainsi sa force, mais change de forme. « Cette forme qui change donne une nouvelle image du texte original », a expliqué Attouche, lors du débat qui a eu lieu hier autour de la pièce produite par la troupe Eanouariss des arts dramatiques de Bougara (Blida). Une troupe qui depuis quelques années a fait le choix de revisiter le répertoire universel, notamment la tragédie grec. « C'est un choix qui obéit à deux objectifs : la formation de l'acteur et la recherche théâtrale », estime un des comédiens de la troupe de Bougara. Le Destin d'Œdipe est programmé au Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine Bachtarzi, à Alger, à la fin de ce mois.