Représentation n La troupe théâtrale Enaouaris de Blida a foulé, lundi, les planches du festival d'art dramatique de Mostaganem avec la pièce Le cri d'Ophélia. La pièce, adaptée du texte de Khazâl El Madjidi (Irak) par Kamel Atouch, s'inspire de la tragédie shakespearienne. Elle est de type classique. C'est un théâtre composé : les personnages fonctionnels revêtent un caractère et une psychologie substantielle. Le décor est défini et situé dans une spatialité orientée, concrète. Cela rend les repères scéniques palpables et descriptibles. La pièce, en arabe classique, met en situation le conflit opposant le bien et le mal. C'est l'histoire d'un cri, celui d'Ophélia qui a perdu son mari, Hamlet. S'agirait-il d'un assassinat, d'un complot, sachant qu'il était, après la disparition de son père, l'héritier du trône, le prétendant au pouvoir ? La pièce, qui se lit avec un point de vue politique, s'articule autour de la disparition de Hamlet. Elle raconte l'absent qui s'avère le personnage principal de la pièce, protagoniste autour duquel s'organisent les faits et se déroule l'action, voire la tragédie. L'action dramatique est pleinement exprimée par la gestuelle et l'expression du visage. L'intensité corporelle fait ressortir les sentiments ; eux se font manifestement et davantage sentir dans ces instants de silence qui ponctuent, de part et d'autre, la pièce, ou encore dans le rythme, tout en lenteur, auquel se déroulent les faits. Il y a également un sentiment d'oppression qui s'étale tout au long de la pièce et qui pèse lourdement sur la scène. Ce sentiment rend sensiblement compte de cette tragédie humaine. Certes Hamlet est absent de la scène, mais il est présent, omniprésent dans le jeu. Il apparaît tel un fantôme, un revenant à travers chacun des personnages. Son esprit habite chaque parcelle de la scène. Il est dans le regard des protagonistes, dans leur dialogue et dans leurs gestes. Cette présence est perceptible dans le jeu à fortes tonalités dramatiques que mènent, d'un bout à l'autre, les différents protagonistes qui occupent, çà et là, et dans une belle prestance théâtrale qui captive l'attention du public, l'espace scénique. A travers le jeu coordonné de chacun, un jeu précis, surgissent des vérités : les intrigues se profilent, les intentions se déjouent, les langues se délient et les remords se font de plus en plus lourds à supporter.