Retour n Seloua renoue, une fois encore, avec la scène à travers deux concerts à l'auditorium du théâtre de verdure. Le premier aura lieu le 26 février (à 20h 30), et le second le 27 février (à 17h). Ces deux récitals, organisés à l'initiative de l'établissement Arts et Culture, seront pour la chanteuse l'occasion d'interpréter de nouvelles chansons. «Il y a des chansons nouvelles que j'ai moi-même écrites et composées et que je chanterai pour la première fois», a déclaré Seloua, lors d'un point de presse, hier, au théâtre de verdure. Et si elle a décidé d'écrire et de composer elle-même ses chansons «c'est parce qu'il n'y a pas d'auteurs ni de compositeurs en mesure de me satisfaire et que j'ai une expérience en la matière», dit-elle. «Avant, il y avait de vrais auteurs et compositeurs, à l'instar de Mahboubati, Missoum, Hachlef ou même Stambouli», a-t-elle indiqué. Et de poursuivre : «Tous ces gens-là ont longtemps couvert le domaine de la chanson algérienne en lui redonnant ses lettres de noblesse.» Ainsi, Seloua qui a connu l'âge d'or de la chanson algérienne, regrette infiniment qu'aujourd'hui, les jeunes paroliers ne prennent même pas exemple sur leurs aînés. «Aujourd'hui, les jeunes cherchent la facilité, oubliant l'essentiel de l'art, qui est la recherche et la création.» «Avant, on se donnait la peine de créer, et, en plus, la création se faisait spontanément et de façon naturelle.» Seloua a, ensuite, déploré le contenu des paroles sans intérêt ni qualité artistique. Elle estime qu'«il faut un profond sujet pour faire et développer une chanson», d'où d'ailleurs l'urgence, selon l'artiste, de former des paroliers et des compositeurs. C'est pourquoi elle appelle à des mesures pour endiguer ce phénomène et revaloriser la chanson algérienne. «Ce que moi j'ai toujours proposé, c'est la mise en place d'une commission de censure pour veiller sur la qualité du produit musical», a-t-elle rappelé, reconnaissant toutefois que le mot «censure» est fort et dur et que, par son contenu sémantique, il peut en déranger plus d'un. «Quand je dis censure, même si je reconnais que ce terme est choquant, je ne dis pas forcément qu'il faut freiner, contrôler ou encore commander la création. C'est juste faire en sorte de veiller, tout en continuant activement à encourager les véritables talents et à stimuler pleinement la création artistique pour qu'elle ait de la qualité.» Cela revient à dire la nécessité d'assainir le domaine de la chanson algérienne. «Il faut plus de rigueur et de professionnalisme», a-t-elle insisté. Pour ce faire, «il est nécessaire d'aller vers le public et lui faire écouter la vraie chanson algérienne», a-t-elle relevé, poursuivant : «Il faut orienter le public vers la qualité et non pas l'habituer, comme cela se fait actuellement, à la médiocrité.» Ainsi, il faut former le public, le préparer à écouter de la bonne chanson ; et cela ne peut se faire que si «on se donne la peine d'éduquer l'ouïe». «Nous n'avons pas d'artistes, nous avons des interprètes» l Seloua, qui déplore l'absence quasi totale d'artistes, de vrais artistes, nourris d'une profonde sensibilité, a expliqué que le manque de professionnalisme s'avère, en somme, la cause de cette faillite intellectuelle et de ce déficit, notamment dans le domaine de la création musicale. «Nous n'avons pas vraiment d'artistes», a-t-elle relevé et d'ajouter : «Nous avons des interprètes qui reprennent des chansons du patrimoine. Et souvent les reprises sont de mauvaise facture.» Ainsi, Seloua a déploré que certaines de ses chansons aient été mal reprises. «Ceux qui ont repris mes chansons, l'ont mal fait », s'est-elle indignée. Il est à noter que Seloua, qui préfère l'ancienne formule de Alhan oua chabab à la nouvelle, car, pour elle, «elle ne peut donner aucun résultat», se retient de faire sortir des albums. «J'ai plusieurs chansons que j'ai moi-même écrites et composées, mais qui restent dans les tiroirs», a-t-elle indiqué. Et d'expliquer : «Si je ne fais pas sortir d'albums, c'est juste parce que je n'ai pas trouvé un bon éditeur en mesure de satisfaire mes exigences sur le plan artistique.» Et de poursuivre : «Ce que j'exige d'un éditeur, c'est qu'il assure la diffusion de mon produit à travers tout le territoire national, et pas uniquement dans les grandes villes.» Enfin Seloua, dont le nom figure dans le dictionnaire de la chanson algérienne, a regretté que l'artiste algérien n'ait, jusqu'à aujourd'hui, pas de statut. «Cela fait vingt ans qu'on nous parle du statut et des droits de l'artiste, mais jusqu'à présent rien n'est encore fait dans ce sens», a-t-elle, par ailleurs, déploré. «La chanson, c'est ma vie, ma maison. Elle est ma passion. Le statut de l'artiste est une priorité sur laquelle les décideurs doivent se pencher», a-t-elle conclu.