Certitude n Pour la population, le retard de développement qu'accuse la commune, n'est pas une fatalité. La commune d'Aït Yahia Moussa, à cent trente kilomètres à l'est d'Alger et à vingt km au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, s'apprête à clôturer dans la joie la campagne oléicole la plus fructueuse de ces dernières années. La cueillette étant finie depuis peu, les citoyens attendent avec impatience la trituration de leurs olives entassées dans des sacs en plastique devant l'entrée des huileries. Ces dernières n'ont pas cessé de fonctionner depuis bientôt trois mois. En effet, l'olivier a donné dans cette localité montagneuse la meilleure des récoltes avec «un rendement parfois de 20 à 22 litres par quintal», signale un oléiculteur. Les villageois ne cachent cependant pas leur satisfaction étant donné que l'olivier est la seule richesse dont dispose cette région défavorisée. «La saison aurait été meilleure, n'étaient les incendies de forêt qui ont ravagé des milliers d'oliviers l'été dernier», regrette l'un des ouvriers en s'apprêtant à peser une quantité énorme d'olives avant la trituration. En somme, l'oléiculture dans cette localité occupe une place très importante pour de nombreuses familles pauvres, mais aussi pour les emplois saisonniers qu'elle génère. Mais l'activité nuit beaucoup à l'environnement et crée un décor lamentable. Les eaux de l'oued, longeant la RN25 qui traverse la commune, sont devenues noirâtres. Le cours d'eau reçoit des quantités énormes de résidus d'olives que déversent les dizaines d'huileries de la région. «Une grave atteinte à l'environnement qui se réédite à chaque saison oléicole sans que cela inquiète les responsables», nous dit Mohamed, enseignant de son état, tout en nous montrant une décharge sauvage en contrebas du pont reliant la RN25 au CW152. Juste en face de cet endroit, un immeuble de trois étages (douze appartements) affecté aux services de sécurité (ANP, gendarmerie nationale et Garde communale), domine le chef-lieu de la commune d'Aït Yahia Moussa. Des deux côtés de l'immeuble, des bâtiments (publics pour la plupart), des baraques de fortune servant de locaux commerciaux et trois bâtiments surplombent la mairie. C'est tout ce qui compose le chef-lieu de cette commune de plus de 20 000 âmes. Depuis l'indépendance du pays, ces citoyens vivant principalement dans les 39 villages perchés sur les montagnes où l'accès est souvent difficile, font face à des difficultés innombrables. Hormis quelques améliorations qu'on a pu constater au niveau du revêtement des chemins communaux et l'ouverture de plusieurs infrastructures éducatives, dont un lycée de 1 000 places pédagogiques, le visage de la commune n'a guère changé. Elle demeure, 38 ans après sa promotion au statut de commune, une localité pauvre, déshéritée et entièrement dépendante des subventions de l'Etat. Il semble, en fait, que le développement local, que de nombreux responsables à tous les niveaux évoquent pompeusement, n'est jamais passé par là.