Les oléiculteurs sont désespérés en apprenant notamment que leur indemnisation n'est pas au programme dans le projet d'urgence accordé à cette localité. Plusieurs villages de la commune d'Aït Yahia Moussa, trente kilomètres environ au sud-ouest de la ville de Tizi Ouzou, ont comme seule ressource les oliviers, et la cueillette y est bel et bien lancée, hormis dans les villages touchés par les incendies de septembre dernier, notamment Ivouhrène et Afir, qui ne sont malheureusement pas au rendez-vous, sachant que toutes leurs oliveraies furent alors décimées. Dans ces hameaux, l'heure est à l'élagage des troncs calcinés dans l'espoir de leur régénération et au défrichage du bois sec. Les oléiculteurs sont désespérés en apprenant notamment que leur indemnisation n'est pas au programme dans le projet d'urgence accordé à cette localité. Pour rappel, au lendemain de cette catastrophe, les autorités de wilaya, après des séances de travail avec les représentants des villages, ont dégagé une enveloppe financière de vingt milliards de centimes qui sera consacrée au développement des infrastructures de base de ces villages, ô combien déshérités, notamment la santé avec une unité de soins à Afir, des trottoirs, l'éclairage public, des structures sportives, bitumage des axes routiers et l'ouverture de pistes agricoles. Les citoyens d'Afir, village classé parmi les poches les plus pauvres de la wilaya, ne demandent qu'à être indemnisés. “Nous avons perdu ce qui est notre vie : l'olivier. En attendant la régénération de nos arbres, nous demandons nos indemnisations pour vivre. Même si les infrastructures accordées à notre village sont importantes, notre souci premier est comment subvenir à nos besoins les plus élémentaires”, estime ce citoyen qui nous a déclaré avoir tout perdu. “Même si dans le passé, je consommais l'huile d'olive à volonté, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Maintenant, je suis contraint à acheter ce produit. Avec quoi et à quel prix ?” s'interroge-t-il. Effectivement, la récolte oléicole à Afir et dans d'autres villages de la commune situés au versant est, tel Ighil El Vir, est compromise. Même au niveau des huileries, l'importante baisse d'activité à contraint les propriétaires à réduire sensiblement le nombre d'ouvriers saisonniers, pendant que le prix du litre d'huile d'olive est fixé à plus de quatre cents dinars. Tout le monde craint la rareté de ce produit “aux mille remèdes” et, en même temps, la flambée de son prix. Certes, les responsables ont promis à ceux ayant perdu leurs oliviers de les compenser avec d'autres jeunes plants, mais les oléiculteurs souhaitent des mesures d'accompagnement pouvant les soutenir durant ces “années de vaches maigres”. “Nous demandons par exemple des ruchers ou encore des bêtes pour faire de l'élevage. C'est une façon de fixer nos populations dans leurs villages. Nous nous attendons à un exode sans précédent car déjà de nombreuses familles ont plié bagage”, conclut notre interlocuteur. En définitive, même si les vingt milliards seront utilisés pour le développement des villages concernés, le taux de chômage ne reculera pas d'un iota dans une région où aucune entreprise économique de quelque nature soit-elle n'a vu le jour à Aït Yahia Moussa. O. Ghilès