Les manifestants déclarent que leur quotidien ne cesse de se dégrader jour après jour au sein des villages et cette situation est due à l'absence totale de conditions de vie minimales nécessaires. Le vent de la contestation souffle sur plusieurs régions du pays, en général, et en Kabylie, en particulier. Les problèmes sociaux et les conditions de vie sont à l'origine du malaise. Hier, c'est la population d'au moins sept villages fédérés en coordination à Aït Yahia Moussa, une municipalité située à quarante kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de Tizi-Ouzou; qui a mené deux actions importantes. Le blocage de la circulation sur la RN 25 reliant la wilaya à l'est du pays et la fermeture du siège de l'APC. Dès huit heures, des dizaines de citoyens ont barricadé la route dans les deux sens. Les automobilistes sont alors priés gentiment de rebrousser chemin. Alors que d'autres ont pris d'assaut les bureaux avant de fermer l'APC. Sur la clôture de cette institution ont été accrochées plusieurs banderoles sur lesquelles on peut lire : “Nous dénonçons la fuite en avant des responsables”, “Pour une gestion locale au service de la population” ou encore “Pour une prise en charge effective de nos revendications”. Comme préalable à toute réunion avec les autorités, les rédacteurs d'une déclaration, qui se veut une dénonciation, ont posé en premier lieu le remplacement des camions de ramassage scolaire par des bus confortables et le réaménagement des écoles primaires de Chérifi, d'Azib El Madjène et Tifaou. Dans le même document, d'autres revendications ont été soulignées, à savoir la suspension des travaux de réalisation du réseau de distribution de l'eau jusqu'à inspection de ces derniers car ils estiment qu'ils ne sont pas conformes aux normes. Les contestataires déclarent, par ailleurs, que leur quotidien ne cesse de se dégrader jour après jour au sein des villages et cette situation est due à l'absence totale de conditions de vie minimales nécessaires pour garantir un tant soit peu des jours vivables à la population. “Ce constat n'est pas difficile à faire et ne nécessite pas un grand savoir si ce n'est une observation objective et une écoute sérieuse de nos doléances”, ont-ils écrit dans la déclaration-dénonciation. Pour un citoyen accosté devant l'APC avant l'arrivée de la délégation de la wilaya et du chef de daïra de Draâ El-Mizan, ces actions n'ont été décidées qu'après des démarches menées depuis longtemps et qui sont restées vaines. “Comme d'habitude, les autorités réagissent par le silence et le mépris comme si de rien n'était et en nous tournant le dos”, répètent à l'unisson les contestataires. En tout cas, à entendre les déclarations des uns et des autres, cette protesta ne va pas s'estomper jusqu'à la prise en charge des revendications consignées dans une plate-forme. “Nous n'allons pas surseoir à ces actions. C'est le moment de redonner espoir à nos concitoyens”, nous a répondu un représentant d'un village adhérent à la coordination. Vers midi, les citoyens ont désigné vingt délégués pour mener les pourparlers avec les autorités en présence du chef de daïra et des représentants du wali. Au moment où nous mettons sous presse, la Maison de jeunes abritait encore cette réunion de travail. Rien n'a filtré concernant l'avancée des discussions ou les premières décisions prises. Il y a lieu de souligner que c'est la deuxième fois que ce type d'actions a été mené par cette coordination en l'espace de quinze jours. Contacté, le P/APC de cette localité nous a fait savoir qu'il était prêt à dialoguer avec les représentants de toute la population. “Les portes du dialogue et de la concertation sont toujours ouvertes. Les citoyens ont le droit de demander l'amélioration de leurs conditions de vie”, a-t-il déclaré. La commune d'Aït Yahia Moussa, avec une population estimée à plus de vingt-deux mille habitants, est l'une des localités les plus déshéritées de la wilaya. Elle enregistre un énorme retard en matière de développement : habitat, routes et surtout eau potable. Bien qu'un projet d'AEP, d'un coût de vingt-six milliards de centimes, ait été réalisé pour le versant Ouest du chef-lieu, l'eau manque souvent. Ce problème d'eau reste le plus épineux. L'été s'annonce vraiment chaud dans cette commune. O.Ghilès