En dépit de leur importance vitale pour le pays, l'autosuffisance alimentaire et l'agriculture n'occupent pas une place de choix dans le programme des candidats à l'élection présidentielle. Depuis le début de la campagne, la question a été très peu évoquée. Invité ce matin de la Chaîne III de la Radio nationale, Slimane Bedrani, professeur à l'Ecole nationale d'administration et chercheur en agronomie au Cread, a estimé que les programmes des candidats à l'élection présidentielle ne contiennent pas des propositions concrètes sur l'agriculture. «Tout ce que nous pouvons trouver ce sont des propositions relativement générales et très peu argumentées», a-t-il indiqué en ajoutant : «Je prends le candidat Rebaïne, la seule chose qu'il dit, c'est qu'il faut effectivement soutenir les différents secteurs productifs et particulièrement l'agriculture. Donc, vous voyez que ce sont des recommandations qui sont assez générales.» Selon lui, c'est seulement dans le programme du candidat-Président, où nous pouvons trouver des choses qui sont plus détaillées. «Ce qui est normal puisque M. Bouteflika est actuellement au pouvoir et il a donc la possibilité d'avoir tout un ministère qui est à sa disposition, pour lui préparer un programme», a déclaré M. Bedrani. Abordant les questions relatives à l'agriculture, l'autosuffisance alimentaire et la dépendance aux importations, que le président élu aura à traiter, l'invité de la Chaîne III propose «une politique agricole cohérente». Pour lui, l'Etat doit accroître l'aide aux investissements dans l'agriculture. «C'est une proposition qui est, à mon avis, fondamentale parce que notre agriculture reste encore relativement sous-équipée et insuffisamment modernisée», a-t-il insisté. «On pourrait aussi avoir une politique en matière de lutte contre la concurrence étrangère qui soit plus efficace», poursuit ce chercheur agronome. Il fera aussi savoir que la Tunisie, en l'espace d'une vingtaine d'années, a atteint l'autosuffisance en matière de lait et de production laitière. «Ce que nous pourrions parfaitement faire en Algérie et nous ne l'avons pas encore fait. Pourquoi, parce que la concurrence de la poudre de lait et de la matière grasse importées pour faire du lait chez nous a empêché cette possibilité que nous avons pour accroître de façon significative notre production laitière», a-t-il dénoncé. Interrogé sur la politique agricole actuelle que certains candidats n'hésitent pas à traiter d'échec, l'invité de la Chaîne III répondra : «On ne peut pas dire qu'il y a eu un échec total de la politique agricole. Il est certain que l'Algérie actuellement produit davantage de fruits, de légumes et de céréales, peut-être pas tellement, mais il y a eu des progrès significatifs en matière de politique agricole. Cependant, nous pouvons dire aussi que les résultats qui ont été atteints sont loin d'êtres suffisants et que nous sommes encore à des taux de dépendance de l'étranger qui sont extrêmement importants.»