En dépit de tous les efforts consentis dans le cadre du Plan national de développement agricole, l'autosuffisance alimentaire reste un objectif loin d'être atteint. Le pays a toujours recours à l'importation pour satisfaire une grande partie de ses besoins alimentaires et la facture demeure excessivement élevée. L'autosuffisance alimentaire constitue l'un des objectifs principaux assignés à la politique nationale de soutien à l'agriculture, notamment à la céréaliculture. Réaliste, Omar Aït Ameur, directeur d'étude au ministère de l'Agriculture, reconnaît que l'objectif ne peut être atteint dans l'immédiat. «En toute objectivité, nous ne pouvons pas dire que nous y parviendrons dans l'immédiat. C'est un objectif qu'on s'est fixé à moyen ou à long terme», a-t-il affirmé ce matin sur les ondes de la Chaîne III. En attendant, seuls 50 à 60% des besoins du pays en céréales sont produits localement. Le reste provient de l'importation. Selon M. Aït Ameur, nos besoins annuels s'élèvent de 60 à 70 millions de quintaux et la production nationale dépasse à peine, dans les meilleurs des cas, les 40 millions de quintaux. Ce qui contraint les autorités à importer annuellement de 25 à 30 millions de quintaux, essentiellement du blé tendre, 90% de nos besoins en blé dur étant produits par nos agriculteurs. L'orateur dévoile la facture de ces importations qui s'avère de plus en plus salée : 600 millions de dollars par an. C'est à travers la poursuite des programmes d'intensification des cultures céréalières que le niveau de la production pourra être élevé et la facture réduite, estime le directeur d'étude. Il rappelle dans ce sens les efforts déployés dans le cadre du Plan national du développement agricole qui apporte un soutien financier, logistique et technique à la filière dans les zones «potentielles et intermédiaires», c'est-à-dire celles situées dans les régions côtières et qui reçoivent un apport d'environ 1 200 mm d'eau de pluie et les régions de l'intérieur du pays dont la pluviométrie se situe aux alentours de 600 mm. «2 à 3 milliards de dinars sont dégagés pour minimiser l'impact du déficit hydrique induit par la sécheresse et valoriser au mieux les eaux de pluie lorsque nous sommes face à une année pluvieuse», explique-t-il. Concernant les prévisions pour l'année en cours, l'invité de la Radio s'est voulu optimiste en affirmant que le volume de la production sera supérieur aux 42 millions de quintaux récoltés l'année passée et même à la moyenne de ces 3 ou 4 dernières années. Cela grâce, explique-t-il, au retour généralisé des pluies après une période de sécheresse au début de la campagne. «Il y a eu un niveau satisfaisant de précipitations et une bonne répartition temporelle qui a coïncidé avec différentes phases. En somme, c'est une bonne année pour la céréaliculture», se félicite-t-il. Les victimes des feux de moisson ne seront pas indemnisées l Interrogé sur les récents incendies qui ont ravagé des surfaces entières de blé et autres produits céréaliers, M. Aït Ameur a exclu toute éventualité de voir les victimes de ces sinistres indemnisées en affirmant que l'incendie est un risque assurable. Tous ceux qui veulent s'en prémunir doivent contracter une assurance auprès d'une compagnie d'assurance, et si le phénomène a lieu c'est à ces dernières de prendre en charge les conséquences. Pour l'orateur, ce phénomène n'est pas nouveau puisque chaque année des incendies similaires sont enregistrés à cause du «non-respect de certaines règles de sécurité» au cours des campagnes de moissons-battage. Cette année, signale-t-il, 70% des feux de moissons ont été enregistrés à l'est du pays à cause de la canicule qui y a sévi. Ce qui, selon lui, n'aura pas d'impact significatif sur le niveau global de la production puisque les 2 500 hectares ont été ravagés ne représentent que 0.1% de la surface totale emblavée.