L'ambiance est morose dans la plus grande fabrique artisanale russe de poupées gigognes, ces figurines souriantes, symbole de la Russie, car la crise économique mondiale a frappé jusqu'à Semenov à 500 kilomètres à l'est de Moscou. Cette petite ville vit en grande partie de ses poupées russes et de vaisselle en bois peint depuis 1916, date de la création de la fabrique locale qui emploie aujourd'hui 1 140 personnes. Mais, crise oblige, la demande a chuté ces derniers mois et les ouvrières ont dû accepter de travailler à temps partiel et en échange de salaires réduits, explique le patron de la fabrique. «Les poupées, ce n'est pas vraiment le pain quotidien, ce ne sont pas des vêtements : on peut s'en passer», résume-t-il. Dans ces conditions, les ouvrières, dont beaucoup ont consacré leur vie à ces figurines multicolores représentant généralement des paysannes endimanchées, se demandent désormais de quoi l'avenir sera fait.