Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, veut s'inspirer du modèle de développement de son voisin à qui tout a réussi en un quart de siècle. La Chine a lâché le col mao et la vareuse qui allait avec, pour talonner les Etas-Unis sur le terrain de la puissance économique. Au point de les détrôner dans une ou deux décennies à peine. Mais il n'y a pas que les succès économiques qui ont frappé Poutine lors de sa visite dans l'empire du Milieu. Le responsable russe a également cherché à resserrer les liens entre son parti le Parti Russie unie et le Parti communiste chinois (PCC) ! L'histoire a de ses retournements et les chefs de l'ex-Union soviétique doivent se retourner dans leur tombe. Les relations entre les communistes soviétiques et leurs homologues chinois ont été de tout temps tumultueuses pour des raisons doctrinales. Ils s'étaient d'ailleurs séparés en 1960 s'accusant respectivement de révisionnistes. À Moscou, le PC est tombé jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un ersatz, tandis qu'à Pékin, les communistes viennent de célébrer avec faste leur soixantième anniversaire. Ils ont gardé le vent en poupe et ont même inventé le modèle de développement chinois qui leur a réussi, du moins jusqu'ici. L'économie de marché. Le capitalisme sans ses libertés politiques et sociétales. Poutine s'est donc particulièrement intéressé au fonctionnement du Parti communiste chinois. Comment le régime chinois réussit encore à imposer chez lui et à l'extérieur son mélange de fermeté politique et d'ouverture économique ? La main de fer chinoise dans le capitalisme à la chinoise a subjugué l'ex-grand officier du KGB et pourrait même être pour lui une source d'inspiration, d'autant qu'il se dit à Moscou que le Premier ministre Poutine, qui s'était interdit de réviser la Constitution pour s'ouvrir un troisième mandat, pense déjà à l'après-Medvedev, son poulain qu'il a soigneusement placé au Kremlin. Poutine, jurent ses proches, piaffe d'impatience de reprendre la magistrature suprême, même si dans la réalité, il a procédé à une translation des pouvoirs vers le Premier ministère qu'il occupe présentement en qualité de chef de file de la majorité parlementaire. La Constitution russe n'interdit pas son retour, sauf qu'il ne devrait pas faire plus de deux mandats consécutifs. Poutine caresse l'espoir de rétablir le système de parti unique aboli par Moscou en 1991. Mais ce n'est plus possible, même s'il a rétabli la chape de plomb. Son parti Russie unie a beau être devenu le parti du pouvoir, un parti dominant et omniprésent, dont l'hégémonie est constamment renforcée par des changements des institutions, dans la tête des Russes, ce n'est plus comme avant. Le postsoviétisme est passé. Il ne suffira pas à Poutine d'accroître son emprise par l'intermédiaire d'un parti de plus en plus puissant pour assurer à son pays un en véritable développement. La malédiction du pétrole, du gaz et des matières premières. La Chine, au contraire de la Russie, n'est pas un pays exportateur de matières premières, c'est l'usine du monde. La différence est de taille.