Résumé de la 43e partie n Tuppence est curieuse de savoir qui était la voix à l'autre bout du fil, serait-ce celle de Mrs O'Rourke ? Mais, au fond, était-ce réellement significatif ? Si ça n'avait été que la confirmation d'un rendez-vous banal ? Et si Mrs Perenna avait autorisé Mrs O'Rourke à se servir du téléphone de sa chambre chaque fois qu'elle en avait envie ? Et cette ambiance étrange dans l'escalier, ce moment de tension, ce n'était peut-être que ses nerfs qui lui jouaient bel et bien un tour... Cet hôtel trop tranquille... cette impression inquiétante, sinistre... «Vous feriez mieux de vous en tenir aux faits, Mrs Blenkensop, s'admonesta Tuppence. Et de vous remettre à la tâche.» L'accueil du capitaine Haydock débordait de cordialité. II avait salué avec enthousiasme l'arrivée du major Bletchley et de Tommy, auquel il avait imposé de faire le tour du propriétaire. Au départ, Le Repos du contrebandier s'était limité à deux cottages de gardes-côtes perchés sur la falaise qui dominait une anse réputée inaccessible sauf pour des adolescents avides de sensations fortes. Puis un homme d'affaires de Londres s'était porté acquéreur des terrains et des deux bâtisses dont il n'avait fait qu'une, avant de tenter, sans trop y croire, de tracer un jardin. On ne l'y avait pas vu souvent, à part pour de courts séjours pendant la période estivale. Et puis la maison, dont le mobilier avait été réduit à la portion congrue, avait connu un quasi-abandon, louée seulement pour l'été à quelques vacanciers. — Et ne voilà-t-il pas qu'il y a quelques années, expliqua Haydock de sa voix tonnante, la baraque a été vendue à un dénommé Hahn. C'était un Allemand et, si vous voulez le fond de ma pensée, ni plus ni moins qu'un espion. — C'est intéressant, ça, remarqua Tommy, soudain en alerte et reposant, pour mieux afficher son attention, son verre de xérès. — Oh ! ces gars-là sont sacrément malins, reprit le vieux marin. Ils avaient même prévu ce qui se passe maintenant. Enfin, c'est mon opinion et je la partage, comme dit l'autre. Regardez un peu comment la maison est située sur la falaise : c'est parfait pour envoyer des signaux à un bâtiment au large. En contrebas, il y a l'anse – idéale pour y débarquer en vedette à moteur. Et avec ça, vu le tracé de la côte, l'isolement est total. Vous n'allez quand même pas me dire que ce Hahn n'était pas un agent allemand. — C'était un espion, ça va de soi, appuya le major. — Et qu'est-ce qu'il est devenu ? interrogea Tommy. — Ah ! c'est là que ça se corse ! hennit Haydock. Le dénommé Hahn a dépensé ici des sommes folles. Pour commencer, il a fait tirer un escalier jusqu'à la plage des marches en béton, vous voyez un peu ce que ça coûte ! Et puis il a fait réaménager la maison de fond en comble – plusieurs salles de bains, et tous les trucs et les bidules possibles et imaginables. (à suivre...)