Perspective Pour les Jijelis, Bellara représentait l?espoir. Après des années moribondes, le temps était venu pour que leur ville accède au club des pôles actifs. Entrant dans le cadre de la coopération avec l?Union européenne, l?idée d?une zone franche naquit en 1997. Depuis, tout s?est accéléré. Une assiette de 54 ha est préparée, un poste de gendarmerie, un poste de douanes, une liaison avec le port de Djendjen et 40 km de voie ferrée, le tout réalisé en un temps record. Le coût global des travaux est estimé à plus de 157 milliards de centimes. Dédiée au début à l?industrie, l?idée a tout de suite été abandonnée pour des raisons écologiques. En effet, la wilaya offrait un cadre de vie paradisiaque qu?il aurait été dommage de défigurer avec des usines qui crachent des «insalubrités» à longueur de journée. On opta alors pour le secteur de l?agroalimentaire, moins polluant. L?idée était bonne. Jijel et les wilayas qui l?entourent ont une vocation agricole, une industrie au service de l?agroalimentaire était la bienvenue dans la région. Le port de Djendjen offrait, pour sa part, la possibilité d?exporter à coups de grand tonnage. Selon les estimations, le projet Bellara, une fois opérationnel, pouvait créer jusqu'à 60 000 postes d?emploi pour une wilaya qui compte autant de chômeurs. D?où l?enthousiasme sans égal des Jijélis. Toutefois, l?euphorie ne dura qu?un temps. En 2001, le président Bouteflika, de passage, indique que les zones franches ne sont plus d?époque. «Bellara sera la première et la dernière en Algérie.» A Jijel on a respiré, le projet demeure, mais il tarde tout de même à se concrétiser. Les années passent, le projet tombe dans l?oubli et Jijel ne sait plus quoi en penser. Bellara agonise sans que personne bouge le petit doigt. De temps à autre, on parle d?investisseurs étrangers désireux de gérer la zone franche. Ce fut le cas pour les Emiratis, qui ont dû rebrousser chemin face aux entraves d?ordre technique et juridique, sans oublier, bien sûr, les lenteurs administratives, l?ennemi juré de tout investisseur. Les nouveaux prétendants sont des partenaires italiens. Les négociations sont toujours en cours et il est possible qu?un accord soit conclu lors du premier semestre 2004. Cependant les Jijélis ne se font plus d?illusions : «Bellara est morte et enterrée.»