Illustration n Une exposition regroupant les dessins de presse de l'artiste palestinien Naji Salim Hussein Al Ali se tient jusqu'au 15 avril à la galerie Mohamed-Racim, et ce, dans le cadre des festivités «Al Qods, capitale éternelle de la culture arabe». Intitulé Rabiî Handala (le printemps de Handala), l'exposition se veut, dans un premier temps, un hommage à la mémoire du militant artiste, victime d'un attentat perpétré par le Mossad le 22 juillet 1987 et qui a rendu l'âme un mois plus tard, le 29 août. L'exposition se veut, dans un deuxième temps, un aperçu du travail artistique de Naji Al Ali. A travers une centaine de dessins, un coup d'œil franc et direct nous est donné sur les crimes commis par les sionistes-terroristes contre la population palestinienne. Parmi les personnages qui avaient occupé l'imaginaire de l'artiste figure Handala, un protagoniste apparu, pour la première fois, en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). Un personnage devenant célèbre et récurrent. Presque dans chaque caricature est représenté Handala. Mais qui est Handala ? Le vocable veut dire amertume, et c'est un nom donné à un petit garçon. Il représente l'enfant palestinien. Handala apparaît pieds nus, le dos tourné, les mains derrière le dos, particulièrement solitaire comme s'il ne croit plus en rien, ni à la vie ni aux hommes. Handala apparaît aussi l'air triste, dépité même si on ne voit pas ses yeux, mais on ressent cela à travers la façon dont il se tient debout. Une impression se révélant comme l'illustration de la tragédie palestinienne. Handala, qui est l'expression de tout un peuple, se présente comme un témoin d'une époque, d'une Palestine meurtrie, martyrisée. D'autres représentations aussi expressives que poignantes comme la crucifixion (les souffrances et endurances du peuple palestinien) et les jets de pierres (l'Intifada, la résistance palestinienne faite par les jeunes, notamment les enfants) se trouvent au cœur même de sa création. Les dessins qu'avait réalisés Naji Salim Hussein Al Ali et qui mettent en exergue la résistance et la lutte du peuple palestinien pour sa liberté et sa dignité, sont réalisés dans un style moderne associant d'une manière accorte et équilibrée des techniques académiques et parfois une touche symbolique – la symbolique s'illustre, entre autres, à travers le personnage de Handala. Ces dessins sont d'une beauté poétique, et cette sensibilité et cette esthétique tiennent du fait qu'ils expriment simplicité et sincérité dans la représentation. Les images que donne à voir l'artiste sont bouleversantes, saisissantes et insoutenables. C'est ce qui explique, en partie, cette beauté. L'autre partie consiste dans l'engagement de l'artiste pour la cause palestinienne. C'est un engagement artistiquement et politiquement total. C'est ce qui rend ses photos encore plus intenses et plus authentiques. Authentiques, parce que les dessins sont vivants, percutants et incisifs. Cette exposition qui, rappelons-le, se poursuivra jusqu'au 15 avril, fera le tour d'Algérie. Sa prochaine étape sera la maison de la culture de Tizi Ouzou et le musée Etienne-Dinet de Boussaâda. Il est à indiquer qu'une semaine de la culture consacrée à la Palestine se tiendra le mois prochain. l Nadji Salim Hussein Al Ali est né en 1936 en Palestine. Après avoir suivi une formation technique, et tout en s'adonnant au dessin, il suit des études à l'Académie libanaise d'art. Vite, il fut découvert par le journal koweitien Al Qabas où il travaille pendant trois années. Il est expulsé du Koweït en 1985, et ce, pour des raisons politiques et son engagement indéfectible pour la cause palestinienne – il n'hésitait pas à mettre à l'index les dirigeants arabes et à critiquer leur politique ainsi que la passivité et arabe et internationale vis-à-vis de la question palestinienne. En exil, il publia trois ouvrages regroupant les meilleurs de ses dessins ; et au moment où il préparait la sortie de son quatrième livre, Nadji Salim Hussein Al Ali fut, le 22 juillet 1987, victime d'un attentat perpétré par le Mossad (on lui a tiré une balle dans la tête). Il succombera à ses blessures un mois plus tard, le 29 août 1987. On l'a assassiné parce qu'il était «la conscience de la révolution». Nadji Salim Hussein Al Ali est un dessinateur prolixe. Il a réalisé plus de 40 000 dessins, dont Le Fil d'Ariane et Handala.