Politique n Après deux années d'absence, 2007 et 2008, l'Algérie fait son grand retour aux championnats d'Afrique des jeunes qui se dérouleront du 14 au 18 avril au Maroc. Un signal fort qui coïncide avec la venue d'une nouvelle équipe fédérale et à sa tête Azzi. InfoSoir : Après votre prise de fonction, quels sont vos premiers constats ? A.Azzi : Les premiers constats peuvent se résumer ainsi : très peu de dirigeants actifs, un manque de matériels, des budgets très faibles, des infrastructures en partie à l'abandon, de mauvaises organisations au niveau des associations et des sections sans compter que différentes associations se retrouvent domiciliées sur le même site. À cela, on peut ajouter des club-houses et des vestiaires squattés, un manque d'encadrement compétent et bien rémunéré et enfin un nombre de joueurs en baisse. Parallèlement à ces manques, j'ai également observé que la jeunesse a soif d'éducation sportive et ne demande qu'à être passionné pour le tennis car c'est elle la base de notre pyramide sportive. Vient ensuite la partie composée d'adultes et de vétérans que nous voudrions attirer à notre activité, à son encadrement et à sa gestion. En revanche, nous avons constaté que les institutions publiques et les collectivités locales étaient disponibles à engager et financer des programmes de développement à condition de trouver des dirigeants crédibles. Et quelles sont les actions que vous comptez mener pour combler tous ces manques ? Notre programme de développement veillera, grâce à une planification sérieuse, à reconstruire la base de cette pyramide avec une prise en main et en charge très tôt des enfants afin de dégager une élite nationale de qualité. Une élite en mesure d'embrasser, pourquoi pas, une carrière professionnelle et d'entraîner la discipline vers une plus grande visibilité et pratique grâce aux effets entraînants de «succès stories» qu'il faudra réaliser pour le bien de notre tennis. Elles seront alors la meilleure publicité pour toutes les prestations fédérales, de ligues et de clubs. Qu'en est-il de la compétition qui, elle seule, reflète le niveau réel de notre tennis qui a énormément régressé ? Concernant la compétition, nous avons mis en place un circuit de tournois avec un tournoi par ligue qui sera financé par la fédération de façon à avoir beaucoup de compétitions pour permettre à nos joueurs, qu'ils soient actuels ou futurs, de progresser. Il y a quatorze ligues et donc quatorze tournois dont l'un revient à peu près à 200 000 DA pour la fédération (prix pour les vainqueurs, paiement des arbitres …), et en contrepartie nous demandons aux ligues et aux clubs d'organiser leurs propres tournois, ce qui donnera un calendrier annuel très riche et permettra aux athlètes d'être soumis à un rythme plus soutenu de compétition qui est un stimulant pour l'entraînement. Ce programme qui a déjà commencé avec le tournoi national de Tlemcen les 26 et 27 février, touche toutes les catégories : poussins, benjamins, minimes et seniors, en considérant que les cadets et les juniors sont intégrés parmi les seniors, sauf dans les championnats nationaux. Je peux vous dire d'ores et déjà que toutes les ligues sont enthousiastes d'accueillir ces tournois et de mettre les terrains à leur disposition. Cela en ce qui concerne la compétition nationale, mais ce sont les joutes internationales qui sont les plus révélatrices ... Bien sûr, nous maintiendrons dans notre calendrier nos tournois internationaux. Nous avons deux tournois ITF, et pour cela nous sommes en train de faire l'inventaire de ce que nous avons comme meilleurs athlètes dans les différentes catégories pour voir si ces tournois correspondent à notre niveau ou pas. Car si nos joueurs n'ont pas le niveau requis, nous serons obligés de nous rabattre sur des tournois plus accessibles auprès de la Fédération internationale pour permettre à nos joueurs de disputer le plus de matchs possible et éviter d'être éliminés dès la première rencontre ou le premier tour. Donc, pour l'instant nous avons retenu deux tournois ITF, un tournoi de la Confédération africaine et la Coupe Davis à organiser. Mais une fois que nous aurons une connaissance exacte de notre niveau, vu l'absence de tout fichier ou classement national, nous saurons mieux gérer les choses. Bien que pour les équipes nationales, nous ayons regroupé tout récemment les meilleurs avec leurs entraîneurs afin d'établir un classement national, ce qui n'existait pas auparavant. Cela nous permettra également de viser des tournois en fonction de leur niveau afin de les faire progresser davantage. Par ailleurs, nous avons procédé à quelques changements, ainsi, avant, les tournois étaient dotés de prix du vainqueur jusqu'aux quarts de finalistes, ce qui débouchait sur un manque de motivation puisque dès le second tour un athlète pouvait s'assurer une prime, ce qui donnait à chaque fois un Abdelhak Hameurlaïne ou un Harrath Wassil vainqueurs à 35 ans ! Par conséquent, les autres jeunes ne progressaient pas, c'est pourquoi aujourd'hui, nous n'avons doté de prix que le vainqueur et le finaliste pour stimuler la concurrence et rendre la compétition plus attractive. Chaque joueur doit se battre, que ce soit à l'entraînement ou à la compétition pour atteindre au moins la finale, au lieu de se contenter d'un quart ou d'une demi-finale. Par ailleurs, nous nous proposons d'organiser des ITF juniors pour sélectionner nos jeunes espoirs et les préparer suffisamment à l'avance pour les confronter aux étrangers et les inscrire également aux mêmes tournois sur le plan international. A cet effet, il nous appartient de concevoir et de conduire des partenariats pertinents dans ce sens et d'exploiter les possibilités infrastructurelles et climatiques de notre pays, d'intéresser les sponsors à ces événements pour trouver des ressources et des retombées financières pour développer notre discipline. De même que les collectivités locales appelées à améliorer les infrastructures pour recevoir les compétitions et les compétiteurs. Mais cela suppose une fédération forte capable de prendre en charge les compétitions à travers une organisation rigoureuse et parfaite... Pour ce qui est de l'organisation sportive, nous avons constaté l'absence totale d'informations sur les clubs et sur les ligues. Pas un seul document, ni un fichier ni une simple fiche sur un joueur, un club ou une ligue. Je ne vais pas faire dans la polémique sur ce sujet, mais croyez-moi qu'il y a énormément de travail à faire à ce niveau. Nous n'avons ni les coordonnées des ligues et des clubs ni le nombre de licenciés, c'est vous dire la difficulté de notre mission. C'est pourquoi, nous avons mis une commission qui ne s'occupera que des ligues et des clubs qui aura comme première mission de réunir toutes les informations (agréments, affiliations, licences, fiches techniques, les statuts, règlements intérieurs…). Nous avons saisi tout le monde à ce propos, y compris les DJSL et nous attendons le retour d'information. Dans ce cadre-là, nous attendons un effort de la part des ligues et des clubs afin de monter un secrétariat ou une direction de l'organisation sportive qui sera à la hauteur de nos ambitions. De même que pour les licences, nous avons conçu un modèle vierge qui a été envoyé à toutes les ligues et à tous les clubs pour être rempli et retourné à la FAT. Le but est de créer un réseau de communication efficace entre les entraîneurs, les clubs, les centres de formation, les juges arbitres de tournois, etc. Sans omettre le rôle de la commission technique nationale qui sera un lieu de réflexion, de compétences et de développement sur des thèmes aussi variés que la pédagogie, le minitennis, l'école de tennis, les centres de formation, les bourses, les qualifications des entraînements et autres séminaires. Les parents ne seront pas en reste puisqu'un programme sera conçu spécialement pour eux afin de leur permettre de donner du plaisir et de faciliter le jeu à leurs enfants. En deux mots : c'est une véritable révolution qu'envisage de mener la Fédération pour relancer la discipline et rehausser le niveau général ? Le programme ambitieux de développement pour lequel va œuvrer la FAT nécessite, bien évidemment, l'implication de tous les acteurs, à commencer par les dirigeants qui doivent être formés à gérer correctement les finances de leur structure, l'organisation de tournois, à planifier les actions de formation du joueur et des compétitions et à faciliter aux joueurs et entraîneurs les conditions de jeu (état des terrains et des vestiaires, matériels, hébergement, restauration...). En outre, il est demandé à l'encadrement d'être modéré et pédagogique dans sa démarche afin d'éviter aux athlètes, notamment les plus jeunes d'entre eux, un trop-plein de pression qui a entraîné l'abandon de plusieurs athlètes. Enfin, je dirai qu'en matière de programme de développement, il ne suffit pas de copier les autres car un modèle standard n'existe pas. La démarche que nous proposons se veut adaptée aux réalités du terrain sportif et tennistique, appelée à être évaluée régulièrement en fonction de l'évolution des besoins et de la disponibilité des moyens. Pour ma part, je m'attellerai de toutes mes forces à réussir, avec l'aide de tous et sans exclusion aucune, ce programme qui, pour moi, fait passer le renouveau et l'intérêt du tennis avant toute autre considération.