Désarroi Quoi de plus affligeant que la disparition d?un enfant ou d?un parent qui, à la fin de la journée ou à la sortie de l?école, ne rejoint pas le domicile familial. Les avis de recherche foisonnent dans les quotidiens nationaux, ils font désormais partie de notre vie à tel point qu?une émission télévisée s?est spécialisée dans ce créneau. Des appels pathétiques sont lancés régulièrement pour la restitution d?un enfant égaré ou pour des témoignages en mesure de favoriser l?orientation des recherches. Les circonstances sont toujours dramatiques. Qu?il s?agisse d?un enlèvement, du fait de se perdre ou d?une fugue, une disparition est toujours vécue comme une perte définitive d?un être cher. Le fait de ne rien savoir sur la personne en question torture les proches et accentue leur désarroi. Si le phénomène n?est pas généralisé, il n?en reste pas moins que des cas d?enlèvement de nouveau-nés de manière insidieuse ont été signalés ces cinq dernières années, comme l?attestent des informations que nous avons obtenues auprès de spécialistes de la question. Ce qui est grave, puisque ces actes sont commis avec d?infinies précautions à tel point qu?«on n?a jamais retrouvé les bébés volés au niveau des hôpitaux», nous dit-on. Mais selon les mêmes sources, les cas de disparitions les plus fréquents sont dus aux fugues. «Il s?agit d?adolescents (es) confronté(e)s à des problèmes sociaux au sein de leur famille», fait-on remarquer. Pauvreté et déchirure de la cellule familiale notamment sont à l?origine de ces problèmes, mais «l?absence flagrante de communication entre parents et enfants» fait beaucoup de dégâts. Nos interlocuteurs la considèrent comme la cause essentielle, les enfants se sentant ignorés et incompris. C?est elle qui, selon eux, pousse les adolescents à ne pas résister à la tentation d?aller voir ailleurs ou à l?attrait irrésistible de ce qu?ils voient seulement à la télévision. Oran semble être la ville qui les attire le plus. Une fois loin, ces enfants ne savent pas comment retourner chez eux. Les adultes, eux aussi, s?évanouissent dans la nature. Il s?agit, selon ces personnes en charge de la question, ni plus ni moins, d?une démission puisque les cas qu?elles ont rencontrés jusqu?ici ont montré que l?incapacité de certains pères de subvenir aux besoins de leur famille ainsi que les conflits conjugaux insurmontables sont derrière leur «fuite». Les cas les plus pathétiques sont ces vieux dont la disparition est de plus en plus signalée. Certains s?égarent, leur mémoire déclinant au crépuscule de leur vie les entraînant là où ils ont du mal à se retrouver. D?autres, en revanche, fuient des enfants ingrats et des belles-filles qui les rejettent. Les avis de recherches dans ce contexte sonnent comme une prise de conscience tardive.