Résumé de la 63e partie n Tuppence entre dans la chambre de Mrs Perenna et entreprend la fouille... Certains papiers concernaient une hypothèque prise sur Sans Souci, d'autres un compte en banque. Il y avait des lettres, aussi. Les minutes s'écoulaient. Survolant les documents plus qu'elle ne les examinait, Tuppence se concentrait sur tout ce qui aurait pu avoir un double sens. Deux lettres d'une amie italienne, par exemple, d'une écriture gribouillée, bien innocentes apparemment. Mais peut-être pas aussi innocentes qu'il y paraissait au premier abord. Puis une lettre d'un certain Simon Mortimer, de Londres – lettre d'affaires au ton sec, si brève qu'on pouvait se demander pourquoi Mrs Perenna l'avait conservée. Alors, innocent lui aussi, ce Mr Mortimer ? Tout au fond, une missive à l'encre jaunie, signée Pat, commençait par ces mots : Eileen, ma chérie, cette lettre sera ma dernière... Non ! Pas celle-là ! Tuppence ne pouvait pas supporter l'idée de la lire ! Elle la replia, remit les papiers en prenant le plus grand soin de ceux du dessus. Soudain, tous les sens en alerte, elle repoussa le tiroir : plus le temps de le fermer à clé !... Quand la porte s'ouvrit et que Mrs Perenna pénétra dans la chambre, Tuppence s'affairait à une recherche fébrile dans les divers flacons qui reposaient sur la tablette du lavabo. Mrs Blenkensop tourna vers l'hôtelière un visage hagard, un peu stupide : — Oh ! pardonnez-moi, Mrs Perenna. J'ai une migraine épouvantable, et j'ai voulu prendre de l'aspirine avant de me mettre sur mon lit, mais je n'ai pas été capable de mettre la main sur mon tube... Alors j'ai pensé que cela ne vous dérangerait pas si... Je savais que vous aviez de l'aspirine, puisque vous en avez proposé l'autre jour à miss Minton. Mrs Perenna s'avança vivement. — Mais enfin, Mrs Blenkensop, pourquoi n'êtes-vous pas venue m'en demander ? interrogea-t-elle non sans aigreur. — Oui, bien sûr, oui, j'aurais dû, évidemment... Mais je savais que vous étiez à table et j'ai tellement horreur, vous savez, de faire des histoires... Ecartant Tuppence, Mrs Perenna saisit un flacon sur la tablette. — Combien de comprimés voulez-vous ? Mrs Blenkensop s'arrêta à trois comprimés. Escortée par Mrs Perenna, elle retourna à sa chambre et refusa la bouillotte d'eau chaude qui lui était proposée. Sur le point de tourner les talons, Mrs Perenna tira sa flèche du Parthe : — N'empêche que vous possédez de l'aspirine, Mrs Blenkensop. Je l'ai vue moi-même. — Mais oui, je sais, répliqua Tuppence en hâte. Je le sais bien que j'en ai quelque part, mais je suis si sotte que j'ai été incapable de la retrouver. Les dents très blanches de Mrs Perenna brillèrent en un éclair. — Bon. Eh bien ! Reposez-vous comme il faut jusqu'à l'heure du thé. Et elle s'en fut, tirant la porte derrière elle. Figée sur son lit, de crainte que Mrs Perenna ne revienne, Tuppence respira à fond. (à suivre...)