Frederik van Eeden, à qui on doit la dénomination de rêve lucide, a consacré, dès 1898, une recherche sur les rêves mais dont les résultats ne seront publiés qu'en 1913, dans un article intitulé «Study of Dream». Sans se situer dans une théorie, l'auteur se contente d'analyser un corpus de rêves et de tirer des conclusions. «Depuis 1886, j'étudie mes propres rêves et je prends note des plus intéressants dans mon journal. En 1898, j'ai commencé à noter séparément certains rêves qui me paraissaient les plus importants, et j'ai continué jusqu'à ce jour ces notations particulières. J'ai dû répertorier, en tout, près de 500 rêves, dont 352 sont du genre dont je viens de parler. J'espère, grâce à cela, pouvoir jeter les bases d'une structure scientifique de quelque valeur, si toutefois le loisir et la force nécessaire à l'élaboration soigneuse de ce travail ne viennent à me manquer.» La méthode est simple : l'auteur écarte les rêves qui ne présentent pas un intérêt particulier et retient ceux qui méritent une attention spéciale, notamment les rêves lucides. Frederik van Eeden relate ainsi son premier rêve lucide : «Je rêvai que je flottais au-dessus d'un paysage aux arbres dénudés, sachant qu'on était au mois d'avril. Je remarquai que la perspective des branchages changeait d'une façon tout à fait naturelle, et je me fis, tout en dormant, une réflexion à ce sujet. Je me dis que jamais mon imagination ne serait capable d'inventer ou de fabriquer une image aussi complexe que cette perspective mouvante, faite de petites brindilles perçues au fur et à mesure de mon déplacement aérien.»