Résumé de la 5e partie n Les jeunes filles du royaume - jalouses de Zalgoum -essaient, par tous les moyens, de faire découvrir au prince qu'il lui manque une main... Zalgoum lui jeta un plein écheveau et l'oiseau partit à tire-d'aile. Il alla droit vers la maison où le frère continuait de geindre dans son coin, et se posa sur le toit : la blanche main de Zalgoum était desséchée, mais elle était toujours là. La corneille la prit dans son bec et, aussi vite qu'elle était partie, s'en revint ; en chemin elle cueillit dans un pré l'herbe de guérison, d'une maison elle emporta un fil d'or. Elle fut bientôt de retour. — Donne-moi ton bras, dit-elle à Zalgoum. Elle adapta au moignon la main desséchée, la cousit avec le fil d'or et, quand le travail fut terminé, frotta la jointure avec l'herbe de guérison. Les doigts aussitôt recommencèrent à bouger, d'abord à peine, puis de plus en plus aisément. En même temps la main reprenait son volume, la peau sa belle teinte rose et blanc. A la fin Zalgoum tendit le bras : il parut entier, comme si on ne l'avait jamais amputé de la main. Elle se mit à l'ouvrage aussitôt, travaillant jour et nuit, pour finir avant les autres femmes. Elle eut bientôt terminé et exhiba un superbe manteau, que le fils du roi préféra à tous les autres. Les femmes, dépitées, ne dirent rien, mais quelle ne fut pas leur stupéfaction quand, montant chez la jeune femme pour voir comment elle s'y était prise, elles la trouvèrent cette fois avec ses deux mains. Le prince fit alors publier qu'il allait célébrer son mariage et convia aux cérémonies la foule de ses sujets. Les fêtes furent splendides et durèrent sept jours et sept nuits. Par la suite, Zalgoum eut deux garçons. Elle leur prodiguait tous ses soins et les préparait à succéder à leur père. Quand ils furent grands, ils allèrent un jour trouver leur mère et lui demandèrent pourquoi elle ne les conduisait jamais chez ses parents à elle, et Zalgoum, qui, jusque-là, trop occupée par son nouveau rôle, avait oublié son frère, se mit à se ressouvenir de lui. Elle pensa à la malédiction qu'elle avait un jour lancée et se demanda si elle avait été suivie d'effet. Avec les années son ressentiment s'était usé. Aussi répondit-elle à ses enfants que, si leur père le leur permettait, ils allaient partir dès le lendemain. Les enfants, au comble de la joie, allèrent demander l'autorisation du prince. — Chez vos grands-parents ? dit celui-ci, mais vous n'en avez pas : j'ai tiré votre mère d'une grotte. — Laisse-nous seulement partir : notre mère sait où sont nos grands-parents. Le prince finit par céder et Zalgoum commença les préparatifs du voyage. Elle prit deux couffins, emplit l'un de son et l'autre de pièces d'or, puis, sur les habits princiers de ses enfants, jeta de laides guenilles. — Pourquoi ? se plaignirent les garçons ; nous voulons nous présenter dans nos beaux habits chez nos grands-parents. — La route est longue, dit Zalgoum, les poussières du chemin risquent de salir vos beaux habits, et puis nous pouvons rencontrer des bandits, qui voudront nous attaquer s'ils nous voient trop richement habillés. Aussi nous allons faire semblant d'être des mendiants et c'est comme cela que nous allons d'abord nous présenter devant mes parents, car je ne sais pas s'ils se souviennent encore de moi. (à suivre...)