Échec n Les cadavres des clandestins qui s'échouent aux larges de la Méditerranée, des îles Canaries, aux golfes d'Aden et du Mexique et dans le désert du Sahara mettent à nu les politiques d'immigration de l'Occident. Le énième naufrage d'une embarcation surchargée de clandestins en route vers l'Europe depuis la Libye, survenu le 31 mars dernier faisant au moins une vingtaine de morts et des centaines de disparitions, a mis de nouveau en émoi la communauté internationale. «Nous sommes consternés par la disparition au large des côtes libyennes de centaines de personnes qui tentaient d'atteindre l'Europe», a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR, un organe des Nations unies), Ron Redmond à Genève, après la survenue de cette tragédie. Cet événement dramatique a rappelé aussi aux gouvernements de tous les pays du monde, particulièrement ceux qui sont concernés directement par les départs et les arrivés des immigrants, que la problématique de l'immigration clandestine se pose toujours. Pis encore, ce phénomène a atteint ces dernières années des proportions alarmantes et tend actuellement à se mondialiser. «Cette tragédie est comme le dernier exemple d'un phénomène mondial qui pousse les personnes désespérées à utiliser des moyens extrêmes pour fuir les conflits, les persécutions et la pauvreté en cherchant une vie meilleure. Nous voyons cela partout dans le monde», a indiqué M. Redmond. Selon les chiffres communiqués par cette organisation, en dépit d'une tendance légère à la baisse du nombre de morts ou de disparus, la situation est préoccupante. En effet, 67 000 personnes ont traversé la Méditerranée en 2008 en partance depuis de nombreux pays, surtout africains, vers l'Europe dont 36 900 ont été interpellés aux larges des côtes italiennes et maltaises. Selon un décompte de données fournies par le HCR, 1 660 entre morts et disparus ont été enregistrés pour la même période – dont 949 ont péri dans le Golfe d'Aden contre 2 231 en 2007 (soit une baisse notable de 25,5%). L'association caritative italienne Fortress Europ a fait état de 1 502 morts pour la même période. Quant aux Etats-Unis, ils abritaient environ 11,6 millions de clandestins jusqu'à janvier 2008, selon un rapport du département américain de la Sécurité intérieure. Là encore, on enregistre une baisse de 200 000 par rapport à la même période en 2007. Ces baisses notables sont liées au renforcement des contrôles au niveau des frontières des Etats, la multiplication du nombre d'expulsions et des points de passage, de départ et de transit. Les mouvements de clandestins, qui ne reculent pas devant les obstacles de plus en plus renforcés, sont repérés dans plusieurs endroits du monde, mais principalement au niveau du golfe d'Aden où le HCR a recensé pour la seule année 2008, le passage de 50 091 clandestins (une augmentation de 70% par rapport à l'année précédente), la mort de 590 personnes et la disparition de 359. La plupart des clandestins viennent de Somalie et de toute la Corne de l'Afrique, «une région marquée par la guerre civile, l'instabilité politique, la famine et la pauvreté», a indiqué le HCR. Les côtes européennes ouvertes à la Méditerranée notamment, espagnoles, italiennes, grecques, turques et maltaises constituent aussi les principaux points de ralliement vers l'Europe. La frontière méridionale du Mexique est traversée chaque année par 1,5 million de clandestins, issus de l'Amérique centrale et du Sud et de quelques pays africains, qui tentent de gagner les Etats-Unis ou le Canada.