Région n Dans cette épisode, nous présentons Tlemcen et sa région Tlemcen, qui se dresse au pied du plateau de Lalla Setti, au milieu d'une campagne verdoyante, est connu pour sa beauté. Les Romains, qui y avaient construit une cité, n'ont pas eu tort de l'appeler Pomaria, un nom qui signifie les vergers. La cité romaine a, sans doute, succédé à une agglomération berbère, car pour que les nouveaux occupants attribuent ce nom à la ville, c'est parce qu'ils y ont trouvé, en arrivant, des jardins et des vergers prospères. Une légende locale fait remonter Tlemcen à l'époque des Pharaons d'Egypte et des auteurs musulmans, qui lui ont fait écho, y ont fait résider des prophètes bibliques. Ainsi, selon Abû al-Hassan al-Mayurki, le prophète Salomon s'y est arrêté et y a habité pendant un mois. Quand on sait que Salomon a vécu au Xe siècle avant J.-C., on fait de Tlemcen l'une des plus vieilles villes du monde ! On ne sait pas si Tlemcen pré-romaine a fait partie du royaume numide des Massaessyles qui, à l'époque de Syphax, s'étendait sur tout l'Ouest algérien et débordait largement sur l'Est. La capitale de Syphax était Siga, mais le royaume comptait de nombreuses villes et villages. L'historien grec Strabon rapporte que le pays était si fertile, qu'on pouvait, sans se donner trop d'efforts, en tirer deux récoltes par an. La ville romaine a d'abord été un camp militaire, puis elle s'est transformée en ville, avec l'arrivée de colons. La captation des eaux des sources d'El-Ourit, par un canal creusé dans la roche calcaire, vont permettre le développement de l'oléiculture. Pomaria devient, sous Gordien le Jeune, une ville importante, avec un corps de cavalerie placé sous l'autorité d'un préfet. Durant la période chrétienne, la ville devient le siège d'un diocèse et son évêque, Victor, a participé au Concile de Carthage, en 411. Pomaria semble avoir été touchée par les troubles donatistes puisque la ville a compté, au Ve siècle, deux évêques : un évêque catholique et un évêque donatiste. On connaît le nom d'un autre évêque de Pomaria, Longinus, qui a assisté au colloque des évêques de Carthage, convoqué en 484 par le roi des Vandales, Hunéric. On dispose de peu d'informations sur les périodes vandale et byzantine qui ont dû être, comme partout ailleurs, en Afrique, des périodes de troubles. Au VIIe siècle, les Arabes arrivent au Maghreb, et après s'être emparés de l'est et du centre du Maghreb, poussent vers l'Ouest, atteignant, selon l'historien al Qayraouani, la région de Tlemcen vers 42 de l'hégire (675 de J.-C.). Une légende rapporte que la ville a été conquise sans violence : le commandant de l'armée musulmane, qui ne serait que Abd Allah Ibn Dja'afar, le neveu de ‘Uqba Ibn Nafa', le fondateur de Kairouan et le conquérant de l'Algérie, s'éprend de la fille du roi de la ville. Le roi lui ayant accordé sa main, il lève le siège qu'il a posé depuis plusieurs mois et y entre sans livrer bataille. Cette légende donnait déjà à Pomaria le nom par lequel elle allait être connue au cours du Moyen Age, Agadir, un nom berbère qui signifie mur, muraille. Après avoir été le siège d'un royaume schismatique, fondé par le Kharédjite Abû Qurra, Agadir tombe entre les mains des Idrissides, dynastie arabe qui venait d'être fondée au Maroc. De cette période subsiste la tour de la mosquée construite par Idris Ier en 789 de J.-C. et que l'on considère comme l'une des premières mosquées construites en Algérie. Le nom d'Idriss Ier est inscrit sur la chaire (minbar) de la mosquée. (à suivre...)