Perfidie et naïveté n Nous relatons ici, une légende célèbre à Tlemcen. Il était une fois deux frères, l'un était appelé H'ila (Perfide) et l'autre Niya (Naïf). Ils s'opposaient tels le jour et la nuit : Hila était petit et laid, Niya, grassouillet et mignon, Hila était rusé comme le diable et Niya ingénu, Hila cherchait toujours à tromper son monde et Niya était toujours prêt à aider son prochain. Hila était jaloux que tout le monde aime son frère, lui, bien sûr, était haï de tous. — Comment se fait-il qu'on t'aime alors qu'on me déteste ? Niya lui répond ingénument. — Sois bon et on t'aimera ! Il ne sait pas que son frère le déteste et qu'il rêve de le perdre. Un jour, ils décident de voyager. Leur mère leur a préparé un viatique, qu'ils emportent chacun dans sa besace. Ils marchent longuement, traversent monts et vallées. Ressentant les affres de la faim, ils s'arrêtent pour manger. Ils s'assoient par terre et chacun tire son viatique de sa besace. — Nous allons enfin manger, dit Niya. Son frère hoche la tête. — Nous avons deux rations de provisions, ce serait dommage de tout manger ! Niya acquiesce. — Tu as raison, il ne faut pas tout manger ! — J'ai une proposition à te faire, dit Hila. — Je t'écoute, dit son frère. — Au lieu de manger toutes nos provisions, contentons-nous d'en manger une partie ! Niya sourit. — J'ai compris ! Il a compris que son frère lui propose de manger l'un des viatiques et qu'ils garderont l'autre qu'ils partageront quand ils auront faim. — C'est d'accord, dit Niya. — Alors mangeons le tien ! Niya s'exclame encore. — D'accord ! Et il partage son viatique avec son frère. Après avoir mangé, ils bivouaquent pour la nuit et, le lendemain, ils reprennent la route. Ils marche pendant toute une journée et, le soir, ils sont fourbus. — Ah, dit Niya, j'ai très faim, nous allons manger ! Hila le regarde de biais. — Mais tu n'as plus de viatique ! — Je sais, dit Niya, nous allons partager le tien ! Hila secoue énergiquement la tête. — Pas question ! Niya est atterré. — Mais c'est bien cela que nous avions décidé… — Nous n'avons rien décidé ! Tu m'as donné à manger, mais je ne t'ai pas promis de partager mon viatique avec toi ! (à suivre...)