Conversation n Le chanteur Lounis Aït Menguellat sera à l'affiche dimanche prochain au Zénith de Paris pour un concert, après ceux qu'il a animés dernièrement à Saint-Etienne et Marseille. Les représentants de la presse nationale et française qui l'ont rencontré, samedi soir à Paris, ont (re)découvert un homme simple et fortement attaché aux siens qui croit en toute humilité et modestie à son travail d'artiste. «Je suis un faiseur de chansons. Une sorte de meddah qui sème la bonne parole de village en village, de ville en ville, là où ma communauté m'attend et me réclame», répond-il, à une question sur l'un des qualificatifs les plus utilisés par la critique pour le désigner comme chanteur, poète, sage, philosophe. Ce qui devait être une traditionnelle conférence de presse, avec son inévitable jeu de questions-réponses, s'est transformé en une discussion à bâtons rompus conviviale et chaleureuse. L'artiste refuse le titre de chanteur engagé. «C'est un titre qui m'a été imposé. Mes chansons parlent des choses de la vie, de l'amour, pas seulement ce sentiment que l'on éprouve pour une femme, mais aussi pour les siens, pour sa culture, pour son pays. Mes textes sont des cris d'amour», dit-il. Il reconnaît que la question identitaire a bien évolué et que de nombreux acquis sont à l'actif des artistes de sa génération. «L'engagement du monde artistique a porté ses fruits. Nos efforts étaient ceux de la reconnaissance et non du rejet», précise-t-il. Avec un certain recul, Aït Menguellat regrette un changement de pratiques et «les calculs égoïstes de certains qui ne cherchent qu'à défendre leurs intérêts». Le concert du Zénith est le second à être organisé à Paris, après celui de l'Olympia, qui a eu lieu il y a quelques mois. Pour cette fois-ci, Aït Menguellat compte «régaler» ses admirateurs avec une bonne trentaine de chansons figurant au programme. «C'est une sorte de rétrospective qui répondra aux attentes de tout un chacun. Des textes puisés dans mon répertoire pour retracer les différentes étapes de ma carrière artistique. Le choix a été fait d'une manière subjective. Chaque chanson est un coup de cœur», dira-t-il. L'artiste sera accompagné sur scène, comme à l'accoutumée par son fils Djaffer, qui s'apprête à éditer son troisième album. Le moment fort sera ce duo «père-fils» qui interprétera Ammi (mon fils), une sorte d'adaptation de l'œuvre phare du penseur Machiavel Le Prince. Lounis se dit «fier» de son fils Djaffer. «Je suis ravi qu'il ait choisi la chanson. Je lui écris les textes. Je suis content de la voie qu'il s'est tracée et il réussit bien», dit-il avec un sourire. l Outre la chanson, l'artiste se consacre à la publication d'une revue, Passerelles, au sein de laquelle il assure la fonction de conseiller culturel. Il est également à l'origine de la publication d'un recueil de textes de ses chansons. 157 au total. L'ouvrage, publié à compte d'auteur est aujourd'hui épuisé. «Une réédition est en cours de préparation avec une nouvelle maquette», a-t-il indiqué. Toutefois, le nouvel album d'Aït Menguellat tant attendu par ses fans tarde à venir. «C'est vrai, cela fait cinq ans que je n'ai pas édité de nouvel album. Je suis en manque d'inspiration. ça viendra au moment opportun. L'inspiration ne se commande pas», a-t-il assuré. Sur ses rares apparitions sur les scènes nationales, il a déclaré que cela s'explique par un problème de rentabilité. «Nous ne disposons pas de salles suffisamment grandes pour accueillir un grand nombre de spectateurs et donc de pouvoir réduire le prix des billets. L'organisateur du spectacle veut rentrer dans ses frais. Il n'est pas question que le prix de la place soit hors de portée de mon public», a-t-il expliqué. Une consolation pour ses fans : Aït Menguellat est programmé dans le cadre du Festival culturel panafricain, prévu à Alger. L'occasion sera offerte au chanteur d'aller à la rencontre de son public.