Le chanteur kabyle Aït Menguellat, sera à l'affiche de la mythique salle du Zénith à Paris, dimanche prochain après ceux qu'il a animés dernièrement à Saint-Etienne et Marseille. Une salle qu'il a déjà fréquentée tout autant que la mémorable Olympia. Le chanteur qui n'est ni révolutionnaire, ni rebelle mais tout à fait " sage " sera accompagné de son fils Djafer, un jeune trentenaire que le " vieux routier de la chanson " est en train de propulser sur la scène depuis déjà plus de six ans. C'est même lui qui lui écrit ses chansons, qui lui sert de coach à chacune de ses rares apparitions publiques, sauf qu'il ne peut pas chanter à sa place. Djafer n'est pas encore le fils de son père, mais c'est une sorte de garantie d'une postérité physique de " Aït. " " Je suis un faiseur de chansons. Une sorte de Meddah qui sème la bonne parole de village en village, de ville en ville, là où ma communauté m'attend et me réclame " se juge t-il tout en refusant le titre de chanteur engagé car ajoutait -il encore " c'est un titre qui m'a été imposé. Mes chansons parlent des choses de la vie, de l'amour, pas seulement ce sentiment que l'on éprouve pour une femme, mais aussi pour les siens, pour sa culture, pour son pays. Mes textes sont des cris d'amour ". Lounis Aït Menguellat sera aussi à l'affiche du prochain Panaf (du 05 au 20 juillet), un rendez-vous africain entièrement financé par les autorités, et une occasion pour le chanteur qui ne rencontre pas assez souvent son public par manque de moyen, de le faire. Selon Aït Menguellat son absence de la scène algérienne s'explique par un problème de rentabilité : " nous ne disposons pas de salles suffisamment grandes pour accueillir un grand nombre de spectateurs et qui permettent de réduire les prix du billet. L'organisateur du spectacle veut rentrer dans ses frais. Il n'est pas question que le prix de la place soit hors de portée de mon public ", soutient- il. Cinq ans déjà depuis la sortie de son dernier album et l'artiste n'a rien produit depuis. " Je suis en manque d'inspiration. ça viendra au moment opportun. L'inspiration ne se commande pas " a sincèrement révélé le chanteur. Mais pour le public qui ira ce dimanche au Zénith, l'artiste a préparé un bon cocktail d'une trentaine de chansons vieilles et relativement neuves dont celle qui touchera certainement le mieux sera " Ammi " (fils) qu'il exécutera bien sûr avec Djafer, pour le marketing émotionnel. " C'est une sorte de rétrospective qui répondra aux attentes de tout un chacun. Des textes puisés de mon répertoire pour retracer les différentes étapes de ma carrière artistique. Le choix a été fait d'une manière subjective. Chaque chanson est un coup de cœur ", dira-t-il à propos de son programme pour le concert du Zénith, le second à être organisé à Paris, après celui de l'Olympia, qui a eu lieu il y a quelques mois. Né en 1950 dans le village d'Ighil Bwammas près de Tizi Ouzou, Lounis Aït Menguellat se trouve à Paris au début des années soixante-dix où il s'impose comme l'une des grandes figures de la chanson dans l'émigration algérienne. Il passe une première fois à l'Olympia en 1978, fait le plein au Zénith de Paris, dès 1985, et remplit les stades de Tizi Ouzou, de Béjaïa et la salle Atlas à Alger. L'artiste a longtemps été accompagné d'un seul instrument à corde (mandole et surtout guitare) et d'une percussion (derbouka). Trente cinq ans après, avec une guitare et des percussions, parfois une flûte et le plus souvent un clavier, il fait l'unanimité de plusieurs générations de fans séduits par le verbe du poète. Lounis Aït Menguellat a enregistré plus de cent cinquante chansons. Yasmine Ben