Conflit n Khartoum proteste contre les raids aériens menés sur son territoire par N'Djamena. Vendredi, Khartoum avait déjà protesté contre deux autres incursions aériennes. Forts d'une des armées les plus puissantes du continent, les Soudanais ont haussé le ton : «L'armée soudanaise est prête à répondre, mais attend les instructions», a indiqué Ali Sadiq, le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères. Un conseiller du Président soudanais Omar el-Béchir, Abdallah Masar, a jugé que les deux pays étaient montés l'un contre l'autre par une tierce partie. Il a évoqué des éléments étrangers cherchant à entraîner le Soudan dans une guerre. Mais le Président tchadien, Idriss Deby Itno, a fait fi des protestations soudanaises : «Nous avons utilisé notre droit de poursuite et ce droit de poursuite va continuer avec l'appui du peuple tchadien. L'armée est décidée à en finir une fois pour toutes avec les mercenaires à la solde du Soudan.» «Le Soudan n'a aucun intérêt à menacer le Tchad ou à le menacer de représailles dont il n'est pas capable.» Vendredi soir, après la première protestation soudanaise, le porte-parole du gouvernement tchadien Mahamat Hissène a dit que le Soudan était «le voleur criant au voleur». N'Djamena reproche à Khartoum son soutien aux rebelles tchadiens. Selon un diplomate occidental à N'Djamena : «C'est une source d'inquiétude. Il y a un réel risque d'escalade verbale et plus.» La France, dans un communiqué, se dit préoccupée par les tensions croissantes entre le Tchad et le Soudan et appelle instamment les parties à éviter toute escalade. A Addis-Abeba, le secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des affaires politiques, Haïlé Menkerios, a estimé qu'il fallait que le gouvernement tchadien négocie avec les rebelles tchadiens. De longue date, N'Djamena et Khartoum ont des relations difficiles et s'accusent de complaisance envers leurs mouvements rebelles respectifs. Depuis septembre, ils ont repris des relations diplomatiques interrompues en mai 2008. En début de semaine, le président Deby avait menacé de les rompre à nouveau. Il a fait fermer les deux centres culturels soudanais et fait reprendre par les autorités les écoles soudanaises. Il a accusé les enseignants soudanais d'être des «agents de renseignement» et leur a demandé de quitter le pays. Les deux pays avaient pourtant signé le 3 mai à Doha un accord de réconciliation qui prévoit notamment le contrôle des frontières pour empêcher les infiltrations rebelles de chaque côté. Une paix entre eux jugée essentielle pour résoudre le conflit de six ans au Darfour, région soudanaise frontalière du Tchad. Cette guerre a fait environ 300 000 morts, selon l'ONU, 10 000 d'après Khartoum.