Des avions tchadiens ont bombardé dimanche matin des positions de rebelles tchadiens près de la capitale de la province soudanaise du Darfour occidental, Geneina, ont rapporté lundi les Nations unies. Un rapport de l'Onu précise que les raids ont été menés le 6 janvier vers 4h30 du matin contre les villages de Goker et de Wadi Radi, à 35 km au sud de Geneina. "L'armée de l'air tchadienne a bombardé ces deux localités, tuant six membres de l'opposition tchadienne et en blessant quatre autres", ajoute le document. Les blessés ont été conduits dans un hôpital civil de Geneina, à 1.100 km à l'ouest de la capitale soudanaise, Khartoum. Rodolphe Adada, qui dirige la force conjointe Onu-Union africaine au Darfour, s'est dit inquiet de l'aggravation de la tension dans la région, dont "un grand nombre de personnes déplacées et de réfugiés risquent d'être les premières victimes". Le gouvernement tchadien, dans un communiqué, a affirmé que des "mercenaires" tchadiens étaient intégrés à l'armée soudanaise, qu'il considérerait toute attaque venant du Soudan comme une attaque de l'armée soudanaise et se réserverait le droit d'y répondre. "Toutes nos forces terrestres et aériennes sont mobilisées pour garantir la sécurité du territoire national afin d'empêcher qu'il y ait des mercenaires ou des bases (rebelles) des deux côtés de la frontière avec le Soudan", a ajouté N'Djamena, qui ne fait cependant pas allusion aux raids aériens signalés par les Nations unies. A New York, le Conseil de sécurité de l'Onu a fait part de sa "profonde inquiétude face à la récente intensification de l'activité des groupes armés illégaux dans l'ouest du Soudan et dans l'est du Tchad, et la tension qui en résulte entre le Soudan et le Tchad". Un communiqué lu par l'ambassadeur libyen Giadalla Ettalhi, dont le pays préside le Conseil, appelle les deux pays à "faire preuve de retenue et à poursuivre le dialogue et la coopération". Samedi, le président tchadien Idriss Déby avait menacé d'envoyer ses forces armées détruire les groupes rebelles réfugiés au Soudan et n'avait pas exclu une rupture des relations diplomatiques avec Khartoum, qu'il accuse de soutenir ses opposants. Fin décembre, le Soudan avait déjà accusé l'aviation tchadienne d'avoir bombardé le Darfour et avait dénoncé les "agressions répétées" de son voisin. Les relations entre les deux pays se sont tendues ces dernières années, Khartoum et N'Djamena s'accusant mutuellement de soutenir des rébellions opérant sur leur territoire.