Si la chèvre, connue pour ses caprices, est avant tout un animal paisible, le bouc passe pour un animal malfaisant. C'est un symbole de malpropreté et de discorde et il est utilisé par les sorciers pour faire leurs potions. Les djinns, croit-on, prennent souvent sa forme. De nombreux récits rapportent des faits, présentés comme authentiques, d'hommes ou de femmes, rencontrant des boucs et les recueillant, avec l'intention de les restituer à leurs propriétaires. On les attache dans les cours des maisons et voilà qu'ils se mettent à grandir ou à grossir de façon anormale. Il faut alors les détacher et les chasser ! Pour toutes ces raisons, le bouc est un mauvais présage : quand on le rencontre le matin, on s'empresse de retourner sur ses pas. La volaille est inoffensive, mais on tire des présages néfastes des poules qui se mettent à chanter comme des coqs. On s'empresse de les égorger car, autrement, pense-t-on, un mâle de la famille – le père ou le fils aîné – ne tardera pas à mourir. Le pigeon, un animal réputé pour sa douceur et sa beauté, est également mal vu, le matin, mais c'est le lapin que l'on redoute le plus : d'ailleurs, dans beaucoup de dialectes berbères et arabes, on évite de prononcer son nom le matin, et on le remplace par des euphémismes, par exemple amerbuh', «le gagnant».