En Algérie, comme dans tout le monde musulman, on croit à l'existence des djinns, en arabe dialectal djen, pluriel djnun, en berbère, ajeniw, pluriel ijeniwen. Les djinns sont mentionnés dans le Coran. On croit qu'ils sont faits de vapeur, de fumée et de feu. Ils sont invisibles à l'?il humain mais ils se manifestent en prenant diverses formes : naturelles comme les nuages, les pierres ou les points d'eau, animales comme les chats, les chiens ou les boucs, humaines également. Il y a des djinns mâles et des djinns femelles qui peuvent s'éprendre d'êtres humains et les posséder. Les djeniat surtout (les djinns femelles) tombent souvent amoureuses des beaux jeunes hommes et les tiennent sous leur domination. D'ailleurs, le mot majnun, littéralement «possédé par un djinn», a pris le sens de «follement épris, amoureux fou». On évoque aussi, à côté des djinns, les 'ifrit : le mot se trouve également dans le Coran et désigne, dans la langue populaire, une catégorie de démons particulièrement malfaisants. Dans les langues algériennes, djinn et 'ifrit ont de nombreux emplois métaphoriques. Le djinn ou, pour garder la consonance algérienne ldjenn, c'est l'homme ou la femme qui font preuve d'une grande intelligence ou d'une grande habilité : djenn f leqraya (un djinn dans les études), djenn f sugan (un djinn dans la conduite d?une automobile - il conduit vite et bien), etc. On emploie rarement le féminin, djennia, le masculin s'appliquant dans ce cas pour les deux sexes. 'Ifrit est aussi utilisé dans ces sens mais il a surtout le sens de «malin» : ya 'efrit (Oh ! 'ifrit !) est souvent employé comme interjection pour s'adresser à un débrouillard ; il y a de l'admiration dans le mot mais aussi une pointe de reproche, les moyens utilisés par le «'ifrit» n'étant pas toujours réguliers !