Succès n Dans une finale rêvée qu'a accueillie, hier, le stade Olimpico de Rome, le FC Barcelone a dominé de la tête et des épaules, Manchester United (2 à 0) décrochant ainsi un triplé historique : la Liga, la Copa d'El Rey et la Ligue des champions. La Coupe d'Europe des clubs champions, rebaptisée Ligue des champions depuis 1993, a récompensé, hier, à Rome, la meilleure équipe du Vieux continent, pour ne pas dire la meilleure au monde en ce moment, au terme d'une 54e finale ayant opposé les plus riches et plus les grands champions d'Espagne, le FC Barcelone, et d'Angleterre, Manchester United. Pour ainsi dire, il a fallu dix minutes seulement aux Catalans pour tâter le pouls de leur victime avant de l'empoigner et de le mettre à terre avec ce but du Camerounais Samuel Eto'o fils à la 10'. Et dire que c'était la première véritable possession de balle du Barça, un décalage intelligent du maître à jouer Iniesta pour Eto'o sur le côté droit du périmètre anglais, accélération puis crochet du pied droit sur Ferdinand enchaîné d'un tir du même pied qui ne laissera pas de chance au gardien Van der Saar. Pourtant, les Mancuniens donnaient l'impression, avant ce but, qu'ils allaient dérouler leur football à géométrie variable en s'offrant trois nettes occasions grâce à Cristiano Ronaldo, avec un coup franc dès la 1' dont le ballon sera lâché par le gardien Valdes, et deux tirs qui frôleront le montant gauche de la cage de Barcelone. Mais le but d'Eto'o change complètement la physionomie de la partie puisque les hommes de Guardiola reprennent la possession et la maîtrise de la balle tout en fermant le jeu à leurs adversaires qui, comme par enchantement, perdront leur football au fil des minutes. La machine catalane se met vraiment en marche et ne laisse plus d'espace aux tenants du titre, alors qu'elle restait sur une impression mitigée en demi-finales face à un autre ténor du championnat d'Angleterre (Chelsea). Puis vint le moment d'achever sa victime avec ce but du diabolique Lionel Messi sur une passe de laboratoire d'Iniesta, après une série de ratés incroyables devant le gardien mancunien. Le petit Argentin, par la taille, s'élève alors dans le ciel étoilé de la ville éternelle pour placer une tête lobée et décroisée en même temps hors de portée du grand (1m 97) Van der Saar (70'). Du grand art ! A 2 à 0, l'orgueil des Anglais est bien fouetté, mais ni Rooney, ni Park, ni Tevez rentré en cours de jeu et encore moins le Ballon d'Or-2008 Cristiano Ronaldo ne pourront rien faire devant une défense intelligemment remodelée par Guardiola en absence de trois titulaires (Rafael Marquez opéré du ménisque, Abidal et Daniel Alves suspendus). Les Anglais se jettent sans grande conviction dans la bataille, laissant entrevoir quelques signes d'impuissance face à la maîtrise collective des Catalans, leur jeu en mouvement, leurs courses incessantes, leur science de l'espace, leurs remontées de balle patientes, leurs enchaînements dévastateurs, leurs une-deux et leurs passes au sol millimétrées qui déclencheront les olé des tribunes. Le football se réhabilite avec ses valeurs et Puyol peut lever le plus beau et grand trophée des clubs signant la fin de saison d'une saison européenne dominée outrageusement par une moissonneuse-batteuse nommée FC Barcelone et de son entraîneur Pep Guardiola élevé au rang de seigneur en onze mois seulement de gestion technique.