Malgré toutes les promesses faites par les pouvoirs publics, de nombreux sinistrés du séisme de 2003 à Boumerdès n'ont toujours pas été relogés. Ils vivent entassés dans des petits chalets et dans des conditions infernales. A quand la fin de leur calvaire ? Six ans sont passés et des centaines de familles sont toujours «entassées» dans des chalets, menant une vie des plus pénibles. Pourtant, les pouvoirs publics s'étaient engagés à reloger l'ensemble des sinistrés «dans les meilleurs délais». Il s'est, malheureusement, avéré que les promesses sont restées de vains mots pour des milliers de citoyens de cette région. Même si nul ne peut nier les efforts colossaux déployés à cet effet, il n'en demeure pas moins que l'engagement n'est pas honoré à 100%, au grand dam des malheureux sinistrés. «Avec tous les moyens humains et financiers dégagés par l'Etat, on pouvait même construire une autre wilaya. Je ne comprends toujours pas où sont passés les projets de relogement car, à en croire les déclarations des responsables au lendemain de la catastrophe, tout allait rentrer dans l'ordre dans, au maximum, deux ans…», regrette un sinistré de la commune de Corso, faisant allusion à des dépassements dans l'octroi des logements. Son amertume est partagée par l'ensemble des occupants des chalets qui s'impatientent d'être relogés dans des habitations décentes. Les chalets se trouvent aujourd'hui en piteux état : le sol troué tel du gruyère, les canalisations des eaux usées percées dégageant des odeurs nauséabondes qui agressent les narines… La galère des habitants des chalets ne s'arrête pas là. L'exiguïté représente l'autre calvaire. Des familles de trois membres en 2003 se sont élargies et les chalets de 36 mètres carrés ne peuvent plus les contenir. «Nous sommes serrés comme des sardines», déplore, avec amertume, un sexagénaire, père d'une famille de huit personnes et occupant un chalet au site Derriche, situé à quelque deux kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès. Cette situation déplorable a, à plus d'un titre, eu des répercussions néfastes sur la santé des habitants. Le taux élevé d'humidité et la chaleur suffocante sont à l'origine de la propagation de certaines maladies touchant particulièrement les enfants. «la plupart des enfants sont asthmatiques et souffrent de graves problèmes respiratoires», affirment les habitants des chalets que nous avons visités. Par ailleurs, les sinistrés affichent leur mécontentement quant à l'attitude de l'Office de promotion et de gestion immobilière (Opgi) qui leur demande de payer un loyer ! «Nous occupons des chalets, nous sommes sinistrés et la plupart d'entre nous ne peuvent même pas subvenir aux besoins élémentaires de leur famille et l'Opgi nous demande de verser des sommes allant de 50 000 à 70 000 DA. Au lieu d'œuvrer à reloger les sinistrés, l'Opgi veut encore leur infliger une autre punition», regrette Yakoub Boukrit, président de l'Association de promotion et d'insertion sociale des occupants des chalets de la wilaya de Boumerdès. Les habitants des chalets attendent toujours un geste salutaire des autorités concernées. Ils craignent de voir leur calvaire s'éterniser…