Les sinistrés de la cité des 1 200-Logements de Boumerdès et ceux de la cité du 11-Décembre ont bloqué, avant-hier, la RN24, au niveau du site des chalets la Sablière, pour exprimer leur colère contre le retard enregistré dans la réalisation de leurs logements. Les manifestants habitant le site de recasement la Sablière ont brûlé des pneus et obstrué la route à l'aide de troncs d'arbre et de blocs de pierres, empêchant de nombreux automobilistes et des bus de transport de poursuivre leur route. “Sept ans barakat”, scandaient des jeunes en colère accusant les autorités de les avoir abandonnés à leur triste sort. “Tout le monde a été relogé sauf nous, alors que notre cité a elle seule enregistre 60% du nombre total de morts durant le séisme du 21 mai 2003”, affirme un jeune de la cité des 1 200-Logements. Des mères de famille rencontrées sur place disent en avoir assez des promesses non tenues par les responsables de la wilaya. “Le wali s'est engagé pour la reprise des travaux dans nos logements au 15 mars, mais, à ce jour, rien n'a été fait”, ajoute une femme qui a perdu ses enfants dans le séisme. Mais ce sont surtout les jeunes en grand nombre qui ont pris le relais pour crier à haute voix le calvaire qu'ils endurent depuis qu'ils étaient enfants. “J'avais onze ans lorsque j'ai perdu ma mère et ma petite sœur dans le tremblement de terre, et maintenant je risque de perdre mon père gravement malade, à cause de la souffrance et du désespoir”, affirme un autre jeune les larmes aux yeux. “Si nous avons opté pour cette action, c'est parce que nous n'avons plus confiance en les gens qui nous représentent et qui nous disent toujours la même chose, il faut que le président sache qu'il y a plus de 700 familles sinistrées qui ne sont pas encore relogées”, ajoute-t-il. Les manifestants disent avoir demandé des prêts auprès des banques et de la CNEP, qu'ils ont utilisés dans l'achèvement des travaux. “Nous avons serré la ceinture au maximum pour rendre la joie et le sourire à nos enfants. Malheureusement, il y a parmi nous ceux qui sont morts sans voir le bout du tunnel”, affirme un étudiant. Les sinistrés, dont une grande partie est démunie disent avoir adhéré à la démarche des pouvoirs publics en acceptant la formule VSP, mais, en réalité, cette formule est inadaptée à leur situation. “On nous a forcés à suivre cette démarche, et voilà le résultat : des sinistrés vivent encore dans des chalets, avec des surcoûts très élevés et un chantier de 520 logements dont l'aspect continue à défigurer la ville de Boumerdès”, indique un autre sinistré. Les protestataires disent avoir rempli l'essentiel des conditions posées par l'OPGI pour l'achèvement de leur logement, précisant que c'est aux pouvoirs publics de prendre les décisions qui s'imposent pour ceux qui n'ont pas encore versé leur part. “Les autorités se sont engagées à réaliser le clos et couvert ainsi que les finitions, mais, à ce jour, rien n'a été fait et le chantier est abandonné”, affirment les familles. Selon un document daté du 11/11/2009 en notre possession, la wilaya a saisi le ministre de l'Habitat lui demandant “la prise en charge du clos et couvert afin d'absorber le surcoût des logements”. M. Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, a été également sensibilisé sur la question, selon le même document. Ainsi, à un mois du 7e anniversaire de la commémoration de la tragédie du 21 mai 2003, les sinistrés de la cité des 1 200-Logements et ceux du 11-Décembre vivent toujours dans des cabines sahariennes de 30 m2.