photos : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Une récente information donnée pratiquement en exclusivité par la Chaîne 3 de la radio nationale avait laissé croire que, dorénavant, «tout malade hospitalisé était obligatoirement et entièrement pris en charge sur le plan du médicament». Ces propos étaient attribués à un haut cadre du ministère de la Santé. Les réalités du terrain Notre enquête, depuis, est loin d'avoir donné des assurances aussi optimistes que le laisserait croire une telle affirmation. Il est de notoriété publique qu'entre la réalité et la batterie de textes réglementaires, destinés à être appliqués mais rarement -si ce n'est jamais vérifiés-… c'est littéralement le jour et la nuit. Selon A. Z., responsable de l'administration à l'établissement hospitalier spécialisé des maladies cardiaques de Constantine, «cette mesure existe depuis Yahia Guidoum. Cela n'est donc pas nouveau. Pour avoir géré plusieurs structures, nous ne pouvons affirmer qu'elle était appliquée. En ce qui concerne notre structure, une fois hospitalisé, tout malade est entièrement pris en charge, du moins pour tous les produits entrant dans la nomenclature propre à l'EHS. Cela dit, des produits qui ne feraient pas partie de cette nomenclature mais essentiels pour le malade peuvent être acquis par dérogation». Authentique, cette information est confirmée par C. K., responsable de la Pharmacie centrale du CHU de Constantine qui estime pour sa part que «cela coule de source car, à tous les niveaux du secteur et dans chaque entité de la santé et quelle que soit sa taille, il existe des médicaments prévus pour la prise en charge de tous les malades dont l'admission, même à titre ponctuel, exige une médication immédiate. Néanmoins,il est faux de dire ou de faire dire que sans exception tous les produits sont disponibles, parce que chaque structure a une nomenclature qui ne peut se substituer à la pharmacie d'officine. Sinon, il faudrait acquérir tous les produits existants. Nous pouvons vous assurer qu'ils se comptent par milliers, mais ne serviront à rien dans la mesure où le produit donné au malade ne concerne que la pathologie pour laquelle il a été hospitalisé. Or, il se trouve qu'un patient hospitalisé en cardiologie, et qui ne pourra bénéficier que de médicaments pour son cas, souffrirait du manque d'autres produits si jamais il s'avère qu'il est aussi diabétique. Dans ce cas, il n'est pas exclu qu'il lui soit demandé d'acquérir ses médicaments. Il se trouverait en médecine interne, l'inverse lui serait formulé. C'est dire que c'est compliqué mais en même temps rationnel dans le cadre d'une gestion qui doit l'être tout autant mais que le citoyen ne comprend pas ou assimile avec confusion.». Des témoignage accablants En théorie, le tour de la question semble fait et toutes les parties mises dos à dos. Autrement dit, dans sa déclaration citée, le cadre du ministère de la Santé aurait raison et les cadres approchés également. Pourtant, cela n'est pas évident pour le malade hospitalisé. Pour preuve, des malades au service de cardiologie affirment : «Effectivement, nous avons été admis en urgence, les premiers jours les médicaments nous étaient fournis en partie [quelques comprimés, NDLR]… Ensuite, il a été exigé de nous leur achat à l'extérieur et une ordonnance nous a été établie pour cela [Triatec, Plavix, Tahor et Lopressor. NDLR]. Parfois, compte tenu de leur cherté, ce sont les génériques qui nous ont été prescrits.». Ce qui est vrai pour un service pourrait ne pas l'être pour un autre et des malades hospitalisés en médecine interne avouent : «Heureusement que les médicaments sont fournis ici. Parfois, certains coûtent jusqu'à 45 000 DA. Il est vrai que, parfois, nous devons acheter certains produits à l'extérieur mais c'est vraiment exceptionnel.» L'etat mal servi Retour à la Pharmacie centrale du CHU. «Vous comprenez aisément que l'administration hospitalière n'achète pas tous les médicaments, notamment ceux administrés par voie orale, mais nous tenons à préciser qu'effectivement, quel qu'en soit le prix, le médicament à usage strictement hospitalier est fourni au malade même en soin ambulatoire. Parfois, une seule injection coûte à l'Etat 150 000 DA. En tout état de cause, il y a des produits auxquels l'Etat ne peut se soustraire et qui sont fournis au malade. Nous évoquons tout ce qui concerne les lourdes pathologies comme le cancer sous toutes ses formes.» Quoi qu'il en soit, ce sont les malades rencontrés qui l'affirment : «L'Etat est réellement présent et proche des malades. Ce sont ses serviteurs qui, malheureusement, ne savent pas le servir même s'il en existe qui le font avec beaucoup de volonté et tentent vaille que vaille d'alléger les souffrances des malades. Nous citons en particulier le personnel médical.»