De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il est des endroits où l'être humain est sujet à plus de vulnérabilité qu'il ne l'est ailleurs. Cette vulnérabilité est beaucoup plus exacerbée s'il se trouve que la ou les personnes concernées sont des musulmans et qui plus est des pratiquants. Quant à l'endroit propice évoqué, il s'agit des hôpitaux où en ce mois de Ramadhan, pour diverses raisons de santé, se trouvent malheureusement concentrés des centaines, voire des milliers de malades dont pour certains, l'avenir est entre la vie et la mort même si les sciences médicales ont nettement évolué, les compétences nationales indiscutablement avérées et les moyens matériels ne faisant pas défaut grâce à l'extraordinaire présence de l'Etat aux côtés des populations. C'est sur cette indicible immatérialité que durant ce mois de piété, les enceintes hospitalières sont, à quelques minutes de la rupture du jeûne et immédiatement après, investies par des individus habillés pour la circonstance, qui viennent rappeler aux malades «qu'ils ont l'opportunité unique de se rapprocher du Créateur parce que nul autre ne dispose du lendemain». Toutefois, s'il existe des professionnels de la bigoterie, parce qu'on ne saurait les qualifier autrement, autoproclamés recruteurs de Dieu et que sans nul doute les textes sacrés désavouent, le personnel des hôpitaux reste parmi ceux qui ont le plus de capacité à culpabiliser les malades. Si les médecins constituant le corps médical au chevet des malades procèdent à un interrogatoire obligatoire des patients, afin de déterminer une meilleure prise en charge, le personnel paramédical a un tout autre interrogatoire à leur intention. «Faites-vous la prière ?» Le premier tort du sondé serait de répondre par la négative à la question du premier infirmier avec qui il a eu contact. «Pourquoi ? D'abord, quel âge avez-vous ?» Argumentation oiseuse du malade qui, souvent, se perd en conjectures parce que l'interrogatoire est conduit devant ses compagnons de chambre lesquels prennent leurs distances. L'interrogatoire se fait de plus en plus vicieux «Pourtant, vous savez que vous allez être opéré.» Là, le risque à courir par le malade ne lui est pas asséné mais nettement… très nettement suggéré. Il est d'autorité, même si les formes sont mises, habillées du statut du mécréant qui a plus de chances de rejoindre… souillé, l'au-delà. Bien entendu, tout ce qui se passe au sein des structures qu'ils dirigent n'échappe pas à leurs premiers responsables et rien ne peut empêcher ni éviter le travail de sape évoqué dans cet article et encore moins les dégâts aussi minimes puissent-ils être occasionnés à des personnes en situation de détresse évidente et dont l'absence de caractère ou en raison d'une personnalité fluctuante pâtissent plus de ce type de harcèlement que de la maladie.