Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili C'est par l'intermédiaire d'un citoyen habitant face à la résidence universitaire Mohamed Seddik Benyahia, intrigué par un inhabituel carrousel d'ambulances, entrant et ressortant de celle-ci, que nous avons su qu'une intoxication alimentaire s'y était produite. Une fois sur les lieux, nous constaterons effectivement que, par dizaines, les résidentes étaient entassées dans des ambulances et évacuées vers l'hôpital de la ville. Sur les lieux, au cours de la journée d'hier, le directeur de l'établissement, M. Ben M'hidi, nous confirmera l'hospitalisation et la prise en charge de «82 étudiantes, qui ont bénéficié des premiers soins. Toutefois, 4 d'entre elles, dont l'état a été jugé plus inquiétant, ont été admises au service de médecine». Ce premier constat a été fait à 9h, mais, plus tard, les chiffres passeront à «127 intoxiquées, dont 8 gardées en observation», selon les propos de M. Damèche, directeur de la santé de la wilaya, qui animera une conférence de presse impromptue, compte tenu de la gravité de la situation. Elle était, sans doute, ainsi appréhendée aux premières heures du constat du fait de la présence du chef de daïra, du chef de Sûreté de wilaya, d'un aréopage de médecins, convoqués dans l'urgence pour prêter assistance au personnel déjà en place. Les moyens de transport ont également été renforcés, en ce sens que les cas suspects prenaient de plus en plus d'ampleur. En tout état de cause, à notre question relative aux raisons de l'intoxication et à la traçabilité des éléments ayant conduit à sa survenance, le directeur de la santé nous répondra : «Bien entendu que dans pareil cas de figure, la traçabilité reste le maître élément à même de permettre de situer les responsabilités. Il y a évidemment lieu de ne pas anticiper et de faire le procès d'untel ou untel. La situation est telle que, comme dans une chaîne, il existe plusieurs maillons, la commission ad hoc installée va remonter la chaîne, investiguer un à un tous les maillons et connaître les tenants et les aboutissants de ce triste épisode, somme toute ordinaire dans un groupe collectif. Nous pouvons d'ores et déjà être au moins satisfaits de la disponibilité des plats témoins qui ont déjà été confiés aux organismes compétents pour des analyses bactériologiques.» En tout état de cause, au moment où nous quittions la résidence (13h), des étudiantes étaient extraites de leurs chambres et transportées vers l'établissement hospitalier de la ville. Les membres du comité de la cité universitaire que nous avons approchés souligneront qu'il est difficile de déterminer la nature du repas mis en cause parce que, vraisemblablement, «des filles qui n'ont pas déjeuné ou qui n'ont pas dîné au sein de la résidence sont concernées. A midi, on nous a servi des pois chiches, des œufs au plat et une banane… et au dîner c'était riz, viande et pâtisserie. Le premier malaise a eu lieu vers 23 h et nous n'y avons pas accordé trop d'importance, mais ce n'est qu'au lever du jour que les cas allaient se multiplier. A partir de 7 heures du matin, c'était pratiquement près de cent étudiantes qui se plaignaient». Concluons, enfin, sur la présence au sein de la résidence universitaire Mohamed Seddik Benyahia des élus de l'APW de Constantine et d'El Khroub, du chef de daïra, du P/APC d'El Khroub et des éléments des services de sécurité, dont des représentants de la Gendarmerie nationale. Toutefois, il serait utile de rappeler que, la veille, la radio locale avait pratiquement fait dans la prémonition en consacrant son forum «aux risques d'intoxication dus à la commercialisation de produits avariés ou fabriqués dans des conditions d'hygiène douteuses». Soulignons que le panel représentant la direction du contrôle et de la prévention n'a pas apprécié la nature des questions posées par les journalistes, notamment au sujet de la démission quasi collective des services administratifs concernés quant au peu d'intérêt accordé par les services concernés à la répression des actes frauduleux attentatoires à la santé des consommateurs. Les cadres de la DCP allant même jusqu'à jurer que tout cela ne serait que le fruit de l'imagination de personnes à l'imagination trop… fertile.