Le Conseil de sécurité de l'ONU a enfin adopté, vendredi dernier, une résolution sur la Syrie, sa première depuis le début du conflit. Une résolution, faut-il le souligner, formulée selon la volonté russe. La Russie ne voulait pas plus d'exigences que la destruction des armes chimiques en moins d'un an. «Ce soir, la communauté internationale a rempli sa mission», a commenté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à l'issue du vote à l'unanimité de ce texte. «C'est le premier signe d'espoir en Syrie depuis longtemps», a-t-il ajouté, annonçant par ailleurs la tenue mi-novembre, à Genève, d'une conférence de paix sur la Syrie. Cette résolution fait suite à l'accord conclu à Genève mi-septembre afin d'éviter une intervention militaire en Syrie, une menace brandie par Washington et Paris en réponse à une attaque à l'arme chimique le 21 août. Le président américain Barack Obama a qualifié, vendredi, «d'énorme victoire pour la communauté internationale» l'accord sur cette résolution obtenu jeudi, à l'issue d'âpres négociations, entre Washington et Moscou, fidèle allié de Damas. Pour le secrétaire d'Etat américain John Kerry, c'est l'occasion d'«éliminer un des plus grands arsenaux chimiques du monde, dans une des régions les plus instables du monde». Mais il y aura des «conséquences» pour le pouvoir syrien s'il ne respecte ses engagements, a-t-il prévenu. La résolution prévoit dans ce cas la possibilité pour le Conseil de prononcer des sanctions mais elles ne seront pas automatiques : il faudra une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou une possibilité de blocage. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a bien insisté : il faudra «prouver à 100 pour cent» que Damas ne joue pas le jeu et les sanctions devront être «proportionnelles» aux violations. Moscou avait bloqué trois résolutions précédentes pour protéger son allié syrien. Ulcéré que la France ait organisé jeudi à l'ONU une réunion de soutien à l'opposition syrienne qui avait fait salle comble, l'ambassadeur syrien Bachar Jaafari a dénoncé «l'amateurisme» de la diplomatie française. M. Ban a annoncé, par ailleurs, vendredi son intention d'organiser «mi-novembre» une conférence de paix sur la Syrie dite de «Genève 2». Des contacts vont être pris en octobre et le médiateur de l'ONU en Syrie, Lakhdar Brahimi, fera le point des préparatifs fin octobre. «Genève 2» doit réunir autour de la même table des délégations du pouvoir syrien et de l'opposition pour tenter de former d'un commun accord un gouvernement de transition, en prélude à des élections libres. Mais elle a déjà été reportée plusieurs fois pour des divergences sur ses objectifs et sur les participants. Le Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (Oiac) avait validé vendredi dans la nuit, à La Haye, une feuille de route sur la destruction de l'arsenal chimique syrien. «Nous nous attendons à avoir une équipe sur le terrain en Syrie dès la semaine prochaine», a déclaré le porte-parole de l'Oiac, Michael Luhan. Tous les sites répertoriés dans la liste remise par la Syrie le 19 septembre à l'Oiac devront avoir été inspectés au plus tard dans 30 jours. Si la Syrie ne respecte pas ce calendrier, qui prévoit la destruction complète de l'arsenal chimique d'ici à la mi-2014, l'Oiac pourra «soumettre le problème directement à l'attention» de l'ONU. L'opposition syrienne s'est réjouie vendredi à New York de cette résolution. «Nous aurions aimé une résolution plus claire (...) nous en voulions un peu plus, mais nous pouvons nous en accommoder», a déclaré le président de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba. En ce qui concerne «Genève 2», «nous voulons y être, mais le but de Genève doit être clair», a-t-il expliqué. «Il s'agit d'une transition vers la démocratie, cela ne doit pas être un dialogue sans fin avec le régime.» Téhéran souhaite participer à une conférence de paix et le fera «de manière active (...) pour le bien du peuple syrien», a déclaré son Président, Hassan Rohani, au dernier jour de sa visite à New York. L'opposition syrienne ne veut pas entendre parler de Téhéran dans toute initiative. Une posture passive d'autant que le poids de l'Iran dans la région, et sur le pays est incontestable. M. N.