L'organisation chargée de superviser la destruction de l'arsenal d'armes chimiques syriennes devrait se mettre au travail dès la semaine prochaine, une percée diplomatique russo-américaine qualifiée d'"énorme victoire pour la communauté internationale" par le président américain Barack Obama. A La Haye, le Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) devait se pencher sur une feuille de route prévoyant des inspections sur le sol syrien mardi au plus tard. Mais un blocage dans les discussions est survenu, une des délégations devant consulter sa capitale. "A 00h30, soit la réunion débutera, soit elle sera reportée à demain", a déclaré le porte-parole de l'OIAC Michael Luhan, à des journalistes rassemblés devant le bâtiment de l'organisation. Peu de choses laissaient pourtant augurer d'un échec des discussions. La feuille de route doit en effet être adoptée avant que ne soit votée à New York, plus tard dans la soirée, une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur laquelle Américains et Russes se sont mis d'accord tôt vendredi matin. S'exprimant face aux journalistes au sujet de l'accord, le président américain Barack Obama a assuré que l'accord sur la résolution n'aurait pas été conclu "sans menace digne de foi d'(avoir recours) à la force" contre le gouvernement de Bachar al-Assad. Après des semaines d'intenses négociations, cet accord constitue en effet une percée diplomatique majeure, plus de deux ans après le début d'une guerre civile qui, selon l'ONU, a fait plus de 100.000 morts. Depuis mars 2011, le Conseil de sécurité n'a en effet jamais réussi à se mettre d'accord sur un texte, Moscou et Pékin ayant mis leur veto à trois reprises. Selon des experts, la Syrie possèderait plus de 1.000 tonnes d'armes chimiques, dont 300 tonnes de gaz moutarde. Néanmoins, l'Occident ne doit pas "accuser et condamner" le régime syrien sans preuve formelle dans le dossier des armes chimiques, a déclaré à New York le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. La France s'est, quant à elle, félicitée de cet accord, soulignant que les Russes y "engagent leur crédibilité". Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a d'ailleurs souhaité que les grandes puissances puissent fixer dès vendredi soir la date d'une prochaine conférence de paix pour la Syrie, qui serait chargée d'enclencher une transition politique, notamment en choisissant par consensus un gouvernement provisoire doté des pleins pouvoirs exécutifs. Téhéran a également réagi et a indiqué vouloir participer "activement" à toute conférence de paix à venir sur la Syrie, selon son président Hassan Rohani. Le texte de l'OIAC rentre dans le cadre de l'accord diplomatique conclu à Genève le 14 septembre, et qui doit permettre d'éviter une intervention militaire en Syrie, menace brandie par Washington en réponse à une attaque à l'arme chimique le 21 août. Celle-ci avait fait 1.500 morts, selon Washington, qui accuse le régime syrien. Malgré la perspective du désarmement, l'ONU a annoncé que ses experts allaient enquêter sur sept sites d'attaques chimiques présumées, notamment deux attaques qui auraient eu lieu après celle du 21 août à Ghouta, près de Damas, alors qu'un attentat à la voiture piégée a fait 30 morts vendredi, à 30 km au nord de Damas. Par ailleurs, neuf rebelles, une femme et un enfant, ont été tués dans un raid aérien contre le village de Hadir, dans la province d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). En attendant l'ONU