Le salaire moyen mensuel net tous secteurs confondus, hors agriculture et administration, a augmenté de 8,2% en Algérie en 2012 comparativement à 2011, selon les résultats d'une enquête annuelle sur les salaires réalisée par l'Office national des statistiques (ONS) auprès des entreprises. Cette évolution est une conséquence «des augmentations salariales intervenues durant 2012 avec le relèvement du salaire national minimum garanti (Snmg) de 15 000 DA à 18 000 DA», comme l'a expliqué à l'APS, M. Youcef Bazizi, le directeur technique chargé des statistiques et des revenus à l'ONS. L'évolution des salaires est plus importante dans certains secteurs d'activités par rapport à d'autres, notamment dans le secteur des industries extractives (productions et services d'hydrocarbures, mines - carrières) avec une hausse de 15%, les finances (banques et assurances) avec 12%, transport et communications (+11,6%) et le commerce et réparation (+9,3%), a précisé l'enquête réalisée par courrier, et qui a touché 912 entreprises dont 611 publiques et 301 privées nationales de 20 salariés et plus. Le salaire net moyen mensuel en 2012 est de 31 800 DA. Il est de 45 500 DA dans le public et de 25 700 DA dans le privé national, a révélé l'enquête. Les travailleurs des industries extractives ont des salaires «très élevés», soit un net moyen mensuel de 85 000 DA, ainsi que les activités financières (50 500 DA), soit 2,7 et 1,6 fois plus que le salaire net moyen global. A l'inverse, dans les secteurs de la construction, de l'immobilier et des services aux entreprises, le salaire moyen est plus faible que le salaire net moyen global avec respectivement 23 700 DA et 25 400 DA, soit 74% et 80% du salaire net moyen global. Par qualification, l'enquête montre globalement qu'un cadre perçoit un salaire net moyen de 59 400 DA contre 36 700 DA pour le personnel de maîtrise et 23 500 DA pour un salarié d'exécution. Les salaires des cadres dans les secteurs liés aux hydrocarbures et les finances où le personnel est très qualifié, sont respectivement de 105 000 DA et 62 200 DA. En revanche, dans les secteurs de la construction et des services collectifs sociaux et personnels, les cadres ne perçoivent que 44 200 DA et 42 600 DA, a détaillé l'enquête. Tous secteurs confondus, le salaire de base reste la principale composante avec 64,4% de la rémunération brute totale, les primes et indemnités ne représentent que 36%. Mais que représente cette hausse du salaire mensuel moyen face à l'inflation ou encore la dépréciation du dinar ? Selon l'ONS, le rythme d'inflation annuel en Algérie a maintenu en septembre dernier sa tendance baissière entamée dès le début de l'année en cours pour atteindre 5,3% contre 7,9% à la même période de l'année dernière. A ce rythme d'évolution, le taux d'inflation ne devrait pas dépasser les 5% à la fin 2013, selon les prévisions d'institutions et d'économistes. Ainsi, l'inflation devrait baisser en 2013, pour se situer autour de 4 à 5%, prévoit la Banque d'Algérie qui estime que l'évolution de l'inflation constituait une «préoccupation majeure» pour les pouvoirs publics. La baisse de l'inflation devrait constituer une bonne nouvelle pour les ménages mais malheureusement ces derniers ne pourront nullement la ressentir. En effet, l'augmentation des salaires opérée en 2012 n'a pas été ressentie par les ménages du fait que cette année-là, l'inflation avait enregistré une forte hausse. D'ailleurs, une hausse de plus de 4% de l'indice des prix a été enregistrée durant les 9 mois de l'année 2013 et cela en raison d'une hausse des prix de la majorité des produits alimentaires agricoles et industriels à l'exception de la pomme de terre, la viande de poulet et le sucre. Pour 2013 et alors que la courbe de l'inflation commence à descendre, les effets ne se reflèteront nullement sur le pouvoir d'achat des ménages à cause de la dépréciation du dinar, opérée dernièrement par la Banque d'Algérie. Un nouveau coup dur pour le pouvoir d'achat des citoyens déjà malmenés par la hausse des prix de ces derniers mois. La valeur du dinar algérien a perdu plus de 9% sur les trois derniers mois face à la monnaie européenne. Selon une source proche de la Banque d'Algérie, cité par TSA, la baisse «est le résultat direct de l'inflation qui a atteint des niveaux record en 2012 et continue de se maintenir à un niveau élevé en 2013». Cette dépréciation aura pour effet, dans quelques semaines, de provoquer une forte hausse des produits importés. L'impact sera également ressenti sur les principaux produits de consommation (lait, sucre, huiles...) même si l'Etat va limiter la hausse des prix pour le consommateur en poursuivant sa politique des subventions. Ce qui induira plus de dépenses pour le Trésor public qui devra dépenser davantage pour maintenir les prix de ces produits à un niveau acceptable. En finalité, l'augmentation du salaire mensuel moyen du citoyen ne se reflètera nullement sur son pouvoir d'achat. H. Y.