Mohamed Rahmani Sidi Amar, une petite commune située à une dizaine de kilomètres au sud du chef-lieu de wilaya d'Annaba, née du découpage administratif de 1984 avait, par le passé, connu un développement tel que le nombre d'habitants a carrément doublé en l'espace de quelques années. Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2008, cette population était estimée à 83 254 habitants. «Aujourd'hui, elle dépasse largement les 95 000 habitants, et les problèmes accumulés depuis des années se sont multipliés et se sont aggravés», nous dit Boumaïza Mohamed, le président de l'APC de cette localité. La nouvelle assemblée populaire issue des dernières élections locales, une petite mosaïque de formations politiques avec une majorité relative pour le MPA, s'est attelée à la tâche depuis son installation mais, faute de moyens et de ressources, elle se contente de parer au plus urgent se débrouillant avec les moyens de bord. «Nous disposons d'un budget annuel de 30 milliards de centimes, équipement et fonctionnement, c'est dérisoire car les charges dépassent et de loin ce montant. A titre d'exemple, ces 30 milliards sont engloutis par neuf mois de salaires des fonctionnaires et employés de la commune», poursuit notre interlocuteur. «Les trois mois restants, on attend le budget supplémentaire ou une aide de l'Etat pour couvrir ces dépenses», ajoutera-t-il. Il faut dire que cette commune qui avait connu comme on dit «des jours meilleurs» avec les recettes des impôts collectés auprès du plus grand contribuable de la région, à savoir le complexe sidérurgique implanté sur son territoire. Cela avait enclenché à l'époque un développement tous azimuts, la commune disposant d'une aisance financière qui la mettait à l'abri de bien des difficultés dont souffraient ses pairs. Projets communaux, création et entretien d'espaces verts, gardiennage, ramassage des ordures ménagères, entretien des écoles primaires, contrôles de constructions, voiries, éclairage public et autres étaient pris en charge. La reprise du complexe sidérurgique en 2001 par l'Indien Mittal Steel avec une exonération d'impôts pendant dix ans a été à l'origine de tous les problèmes auxquels est confrontée aujourd'hui la commune dont les recettes se sont réduites comme peau de chagrin. Entre temps, l'exode de populations venues des wilayas limitrophes, attirées par la richesse supposée de la commune et l'espoir d'une vie meilleure s'est multiplié et des milliers de constructions illicites ont poussé créant des bidonvilles qui grossissent chaque jour. Le taux de chômage a explosé et avoisine les 30 à 40%, le déficit en logements se compte en milliers d'unités, équipements publics obsolètes et insuffisants pour une population sans cesse croissante, absence d'aménagements dans certains quartiers, saleté ambiante, prolifération de rats et chiens errants qui envahissent les rues et menacent sérieusement la santé des citoyens. Selon le président de l'APC, un recensement des habitants des bidonvilles a été fait en 2007, et les 750 familles qui y vivaient avaient été relogées, mais depuis il y en a eu d'autres, de nouveaux venus qui s'y sont installés. «Actuellement, nous avons 1 720 logements sociaux en cours de construction, à Chaiba, H'Djar Eddis et El Gantra, mais cela restera insuffisant tant que des constructions illicites continuent de proliférer un peu partout. Nous intervenons à chaque fois pour procéder à la démolition de ces baraques avec le concours de la force publique sur réquisition, mais le problème est que ces constructions sont réalisées parfois de nuit et pendant les week-ends avec la complicité d'autres habitants qui aident les nouveaux venus. Tant qu'il n'y a pas une section de la Police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement (Pupe) à Sidi Amar la situation ne changera pas.» Et la Pupe à Sidi Amar est inexistante, ce qui encourage tout le monde à s'essayer à ce genre de pratiques. Nous avons constaté hier, du côté de Chaiba à l'entrée nord de Sidi Amar, que des citoyens étaient en train de construire en dur, d'autres étaient affairés à monter une autre baraque au beau milieu du bidonville situé au même endroit. Derrière le CEM Bouamrane-Mohamed, c'est une nouvelle cité bidonville qui a poussé en quelques mois et ça continue. Maintenant on construit juste sous les immeubles, un prolongement de baraques collées aux murs porteurs alimentées en énergie électrique par les habitants de ces immeubles. «Nous nous déplaçons chaque jour sur les lieux et nous essayons de limiter les dégâts en procédant à des démolitions si les baraques sont en cours de construction. Mais pour celles qui sont déjà occupées par des familles ça pose problème et la procédure d'expulsion et de démolition prend beaucoup de temps, nous dit M. Sayad Ali, membre de l'APC chargé du secteur de Chaiba, il nous faut une section de la Pupe à Sidi Amar.» L'insalubrité générale qui caractérise cette petite commune, amoncellements d'ordures un peu partout, pollution de l'air (cheminées de hauts fourneaux de l'usine), proliférations de rats d'égouts, meutes de chiens errants, fuites d'eau, vidanges moteurs lâchés en pleine chaussées par des ateliers de mécaniques non déclarés et informel ajoutent à la déliquescence d'une commune qui est en train de dépérir. Les quelques projets de développement inscrits dans le cadre du PCD, jardins publics, places publiques, marchés couverts, bibliothèques à Sidi Amar et Hdjar Eddis, adduction d'eau potable, éclairage public sur 1,5 km sont encours de réalisation. Pour les équipements sportifs, il reste à réaliser un stade mais cela s'est avéré impossible du fait de l'absence de terrain disponible. M. R.